C'est sans doute l'un des plus beaux films du monde. Au moment où le cinéma français postulait pour les tournages en décors réels et la prise de son directe, Resnais ouvrait un bal moderne en décors baroques, complètement à l'écart de ce qui deviendrait la nouvelle norme. Franc tireur, aventurier, puisant son inspiration dans la littérature (Robbe-Grillet), il construit un grand film sur l'amour. La peur d'aimer. De reconnaître l'autre. Il jette les premiers vrais troubles cinématographiques sur l'identité. Il s'attaque à l'impossible, à l'immatériel. Ce qu'il montre, c'est peut-être ce qui est, mais pas seulement. C'est aussi ce qui se joue à l'intérieur. Le film pourrait s'appeler Inland Empire. Il y a une angoisse qui disloque le récit, hache les travellings, insère des images comme des réminiscences, des flashs. En fait, pour Resnais, le film est un corps. Un champ d'insu, sujet à toutes sortes de symptômes. Le cinéma, c'est le lieu du refoulé, c'est le refuge, c'est la nuit. Et la lumière, au lieu de fabriquer l'image, l'attaque (voir les nombreuses surexpositions). A force de trop voir on risque de ne plus rien voir du tout. On risque d'oublier. L'irrationnel, c'est ce qui distingue l'être du néant, auquel il aspire en secret.
lundi 6 octobre 2008
L'année dernière à Marienbad - Alain Resnais
C'est sans doute l'un des plus beaux films du monde. Au moment où le cinéma français postulait pour les tournages en décors réels et la prise de son directe, Resnais ouvrait un bal moderne en décors baroques, complètement à l'écart de ce qui deviendrait la nouvelle norme. Franc tireur, aventurier, puisant son inspiration dans la littérature (Robbe-Grillet), il construit un grand film sur l'amour. La peur d'aimer. De reconnaître l'autre. Il jette les premiers vrais troubles cinématographiques sur l'identité. Il s'attaque à l'impossible, à l'immatériel. Ce qu'il montre, c'est peut-être ce qui est, mais pas seulement. C'est aussi ce qui se joue à l'intérieur. Le film pourrait s'appeler Inland Empire. Il y a une angoisse qui disloque le récit, hache les travellings, insère des images comme des réminiscences, des flashs. En fait, pour Resnais, le film est un corps. Un champ d'insu, sujet à toutes sortes de symptômes. Le cinéma, c'est le lieu du refoulé, c'est le refuge, c'est la nuit. Et la lumière, au lieu de fabriquer l'image, l'attaque (voir les nombreuses surexpositions). A force de trop voir on risque de ne plus rien voir du tout. On risque d'oublier. L'irrationnel, c'est ce qui distingue l'être du néant, auquel il aspire en secret.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire