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vendredi 14 février 2014

Oki's movie, Hong Sang-Soo (2010)






Quatre histoires – quatre courts-métrages – se passant au même endroit, avec les mêmes personnages, mais sans continuité. Ce n'est pas la continuité romanesque que recherche Hong Sang-Soo, mais le déploiement des différentes potentialités d'une même figure. Il en résulte un film très complexe, très riche, où les personnages sont comme des petits bouts de papier pliés en accordéon que le cinéaste détend peu à peu. Si bien que ce qui est plat, chez Hong Sang-Soo, ne l'est jamais tout à fait : le plat est l'occasion de voir les strates, les différents niveaux qui se cachent derrière une figure, une existence, une personnalité.

lundi 31 décembre 2012

en 2012, 10 films




1.       Tabou – Miguel Gomes
2.      The day he arrives – Hong Sang Soo
3.      In another country – Hong Sang Soo
4.     Moonrise Kingdom – Wes Anderson
5.     The color wheel – Alex Ross Perry
6.      River rites – Ben Russell
7.     Go Go Tales – Abel Ferrara
8.     Bovines – Emmanuel Gras
9. Un monde sans femmes - Guillaume Brac
10. Like someone in love - Abbas Kiarostami


L'occasion aussi d'annoncer la fin de ce blog, qui tourne en rond.

lundi 22 octobre 2012

In another country - Hong Sang Soo






C'est toujours la même (belle) chose, de plus en plus imparfaite, c'est à dire de plus en plus ouverte (bien que The day he arrives opérait une sorte de resserrement). Ouverte aux hasards, au temps (Hong Sang Soo météorologiste : deuxième partie solaire et comique, première et troisième pluvieuses et chagrines), au burlesque et à la tristesse - à cette pesanteur qui s'empare peu à peu des personnages de ses films, à cette façon dont les corps sont à la fois des signes étranges et des fantômes qu’on connaît bien.

Avec In another country, Hong Sang Soo (tout en faisant toujours le même film, donc) démonte pièce par pièce la fameuse politique de l'auteur. D'abord, il y a une scène presque inutile entre une jeune fille scénariste et sa mère, qui discutent au sujet d'un oncle (histoire sans suite). C'est cette jeune fille qui écrira le scénario de ce que nous verrons ensuite : trois histoires se déroulant à l'endroit où la scénariste est coincée, un hôtel au bord de la mer. Pourquoi Hong Sang Soo préfère-t-il introduire son film de cette façon (par une petite saynète a priori inconséquente et qu'il ne développera pas, où deux personnages sont délaissés aussitôt qu'ils ont été dessinés) plutôt que par une voix-off ? A mon avis, il y a chez lui une volonté de constituer un premier filtre entre le film et lui. C'est-à-dire que ce que nous allons voir n'est pas le fruit direct de son imagination, mais de celle d'une scénariste qu’il a imaginée. C'est presque un refus de cinéma, un désir de montrer un film vite fait, dont le seul enjeu serait narratif, grossièrement tracé, comme une esquisse (c'est-à-dire grossièrement et légèrement).

Ensuite, il y a la façon qu'a Anne deuxième incarnation de prendre le contrôle du film dans le film, en faisant un rêve dans le rêve dans le film dans le film. L'auteur est alors dissout sous une série de désistements : Hong Sang Soo est loin derrière une superposition de masques, ou bien plutôt au fond d’un labyrinthe aux cloisons en coton. Et tout cela va jusqu'au rapt du stylo du moine bouddhiste par Anne troisième incarnation, stylo qui fait écho à celui de la scénariste, comme si le personnage avait pris le pouvoir, et décidé d'écrire le film à la place du personnage qui l'écrit (et qui l’écrit à la place du cinéaste). Le fait que Anne soit interprétée par Isabelle Huppert, actrice française, femme étrangère, n'est pas anodin : Hong Sang Soo laisse tomber son sexe et sa nationalité (et en partie sa langue : preuve que tout n'est pas question de dialogue), ce n'est pas ça qui décide, il ne fait pas du cinéma coréen ou du cinéma de garçon, il est attentif à tout ce qui vient même si ça vient de loin et que ça ne ressemble à rien de ce qu'il connaît.

Cette prise de pouvoir du personnage sur le film met en crise le scénario (et sa structure pleine d'échos, de rimes et de répétitions : magnifique de voir la bouteille de soju brisée sur la plage au début du film se briser de nouveau à la fin ; le temps du film paraît moins évolutif - pas d'ascension entre les 3 Anne vers une Anne parfaite - que replié sur lui-même, en forme d'escargot quantique) : il semble bien que Anne troisième incarnation récupère un parapluie laissé dans la rue par Anne deuxième incarnation. (Pas sûr de ça : quelqu'un peut confirmer ?) Le personnage a traversé les frontières plus ou moins étanches du scénario, en tout cas frontières sensibles et logiques malgré les jeux de miroir. Là, on est au-delà du jeu de miroir, on est dans le passe-muraille... On pourrait donc parler de politique du personnage. Quelque chose traverse. Quelque chose, de signe, devient fantôme.

Cette idée de la frontière est présente dans In another country (pas seulement parce qu'Isabelle Huppert rend le film international) grâce, notamment, au personnage du Lifeguard. Le film organise trois rencontres différentes entre Anne et celui-ci, trois coups de foudre. Mais il faut prendre la fonction de Lifeguard au sens littéral du terme : gardien de la vie. Aussi Anne et lui ne se rencontreront-ils que lorsque celle-ci voudra mourir, c'est-à-dire franchira une frontière. Il sera là, il prendra consistance (comme l'amant de la deuxième incarnation traverse les rêves de sa maîtresse pour prendre forme sur la plage et recevoir quelques claques en forme de question : tu es bien réel ?), et la rencontre aura lieu.

samedi 16 juin 2012

The day he arrives - Hong Sang Soo - Matins calmes à Séoul

Ce sont quelques jours à Séoul dans la vie d'un ancien cinéaste devenu professeur en province. Il y a une femme abandonnée, un ami, l'amie de cet ami, et la patronne d'un bar nommé Roman qui arrive toujours en retard.
Les journées ressemblent plus aux rêves que les personnages en font qu'à des journées réelles. On ne sait pas comment le temps s'additionne chez Hong Sang Soo. Il n'est pas vécu comme une ligne droite mais plutôt comme un tout. C'est le temps du film qui compte, pas celui des vies humaines.
Et même si les journées semblent rêvées, il n'y a pas d'imagerie onirique. Tout est prosaïque et précis. Le rêve naît de la structure, à la fois répétitive et sans schématisme : certaines séquences se répètent à l'identique, d'autres varient, d'autres encore dévient complètement. C'est à la fois très complexe et limpide. Hong Sang Soo entend bien restituer la complexité de l'existence, mais simplement.
Son film s'ouvre à un sentimentalisme à la fois poignant et burlesque. Les personnages ne sont ni tout à fait ridicules ni tout à fait grandioses. Ils ont un scintillement qui leur est propre dans une mécanique plus grande qu'eux et dont les rouages sont si divers qu'on s'y perd. Le cinéaste pose sur eux un regard fait d'empathie et d'observation. Ils sont pris dans quelque chose d'immense dont le cinéaste non plus n'a pas la clef. Le cinéaste, à vrai dire, lutte avec eux, et, comme eux, essaie de s'affranchir de l'informe vers quoi tendent les trajectoires des personnages et le film lui-même. Il ne tombe jamais dans le piège de l'explication par la coïncidence. Les séquences s'emboîtent mais mal, toujours en grinçant. Tout le monde a de la peine à comprendre ce qui arrive, à savoir qu'en faire, à agir.
Et c'est ça qui est vraiment troublant chez Hong Sang Soo, cette façon qu'ont les personnages de toujours échapper à ce qu'ils sont, d'être le jouet d'un destin et de s'en défaire sans cesse, parfois par idiotie, parfois aussi parce que leur liberté est immense et transperce tout ce qui était étanche.
En fait, tout se passe comme si le film qui nous est donné à voir n'était pas tout à fait celui qu'on croit voir. Il y a une distance qui se fait, un décollement, entre la réalité de l'image et la perception qu'on en a. Cela se joue à cette capacité qu'on a de nous souvenir de choses dont les personnages ne se souviennent pas. Les journées semblent imperméables les unes aux autres pour les personnages, seul le spectateur les traverse, tandis qu'ils répètent, refont les mêmes essais, les mêmes erreurs.
Cela pose une question : pourquoi oublient-ils ? Pourquoi se souvient-on ? Qu'est-ce qu'on ignore de nos vies que les autres perçoivent ? N'y aurait-il pas un regard qui contiendrait tous les regards et ferait la somme de (le lien entre) tous les maillons, tous les segments qui composent nos existences ? Ce regard, c'est sans doute celui du cinéaste. Mais le personnage principal a arrêté de réaliser des films. Le film qu'on voit est donc fait malgré lui. A un moment, le réalisateur passe hors-champ pour jouer du piano. Trois personnages le regardent. Ils regardent le cinéma et ils le sont tout à la fois, composant le film comme les pièces innocentes d'un puzzle qui s'ignore. C'est ce qui donne à The day he arrives cette qualité discrète, grâcieuse, presque sournoise ou fantômatique : il n'y a plus film, et en même temps il y en a un. On a tout arrêté mais ça continue.

mercredi 31 décembre 2008

vendredi 10 octobre 2008

Woman on the beach - Haebyonui yoin - Hong Sang Soo



C'est une histoire magnifique.
Un réalisateur décide de partir quelques jours à la plage avec son assistant et l'amie de celui-ci, pour terminer le scénario de son prochain film. Très vite, il découvre qu'il y a une place à prendre et il tombe amoureux de cette femme.
C'est simple, comme d'habitude chez Hong Sang Soo. Ce qui lui importe avant tout, c'est son histoire. La rendre la plus claire possible, sans qu'elle devienne schématique. Préserver sa complexité - mais la faire entendre au plus grand nombre. (Pendant ce temps-là, combien de sous-fifres essaient de nous faire passer leurs histoires de neuneus pour des trips antédiluviens ?)
Avec Woman on the Beach, Hong Sang Soo livre une réflexion passionnante sur l'amour (sa naissance et sa fin), la création, l'espace, la souffrance. Après une première partie qu'on pourrait croire anodine, tout s'imbrique, tout prend sens. Le sens, voilà ce que recherche HSS, cinéaste à la fois naturaliste et mystique. Naturaliste, parce qu'attaché à des choses très quotidiennes, mystique, parce qu'il fait se répondre ces choses minuscules pour leur donner une dimension autre. HSS n'est pas un entomologiste. Le réel ne lui suffit pas. L'observation des faits et gestes d'un petit ensemble de personnes banales n'est valable que si elle débouche sur un surcroît de conscience, ne vaut rien si elle n'amène pas un éclairage nouveau sur une idée. Le film du cinéaste-personnage porte d'ailleurs sur les signes. Il n'est pas sûr de pouvoir rendre son propos intelligible. C'est une matière fragile, jamais grandiloquente, jamais fantastique ou surlignée. Juste une même musique qu'un personnage entend trois fois dans trois situations différentes et dans un intervalle de temps très bref.
Et HSS s'intéresse aux dimensions essentielles et existentielles des personnages qu'il filme - à ce qui leur inhérent, et à ce à quoi ils vont être confrontés. C'est dans l'infiniment petit que ce grand cinéaste travaille. Et parce qu'il ne renonce jamais au réel, parce que la magie est toujours étroitement liée à la vie, il bouleverse. Sans chercher de point de bascule ou de climax. Son cinéma glisse progressivement, l'air de rien, vers un monde exactement superposé au nôtre, et qui n'est pourtant pas le nôtre.

vendredi 29 décembre 2000

en 1998, dix films

1. Les idiots – Lars von Trier
2. The Kingdom II – Lars von Trier
3. Chronique d’une disparition – Elia Suleiman
4. Moe no suzaku – Naomi Kawase
5. Pages cachées – Alexander Sokourov
6. Le pouvoir de la province du Kangwon – Hong Sang Soo
7. Conte d’automne – Eric Rohmer
8. Utopia – James Benning
9. Jackie Brown – Quentin Tarantino
10. Docteur Chance - FJ Ossang