mercredi 12 novembre 2008

L'hôpital et ses fantômes - Riget - Lars von Trier



L'hopital et ses fantômes est une série maline, manipulatrice, et addictive. En adoptant le ton du feuilleton et la liberté que celui-ci implique, Lars Von Trier se débarrasse de la pesanteur qui hante parfois un peu trop ses films (Dancer in the dark, Europa), se débarrasse de la volonté de faire discours en fait, parce qu'on ne sait jamais où l'intrigue va nous mener, ni ce qu'elle veut signifier (d'ailleurs, la série n'a pour le moment pas de fin - elle ne pose que des problèmes, des énigmes, des situations hyper étriquées, et les multiplie à outrance). C'est en cela que réside le charme absolu de cette série : une façon de mettre en scène des situations d'une complexité extrême, et de les tendre au maximum avec les possibilités de suspense que procure l'épisodicité. C'est d'ailleurs tout le talent de Lars von Trier de creuser, creuser jusqu'à ce que tout devienne absolument intenable, et démonter l'humain comme un faible mécanisme ne lui opposant que peu de résistance, sauf celle de sa pugnacité grégaire, sociale, et numérique. Lars von Trier est un grand cinéaste de l'ambiguité, jusqu'à l'absurde. Il démonte le psychologique, dégomme le métaphysique, et, toutes déterminations niées, proclame la liberté absolu de chacun, tout en dénonçant la tendance à s'emprisonner. C'est un cinéaste vrai - pas du tout utopiste - mais tellement vrai que ce vrai dépasse l'entendement. C'est un vrai scandaleux et bouleversant.
Il y avait longtemps que je n'avais pas eu autant peur devant une fiction - et que je n'avais autant joui de cette peur. Etrange mélange de malaise et de fascination, d'angoisse et de jovialité triomphante. Esthétiquement, c'est un terrain d'expérimentations, sur des corps souffrants ou illuminés - une série où l'on met en scène le délire, la mort, la souffrance, l'angoisse, avec une liberté rarement vue ailleurs. Peut-être le film le plus dreyerien de Lars Von Trier.

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