mercredi 12 novembre 2008

Moscou ne croit pas aux larmes - Moskva slezam ne verit - Vladimir Menchov



Moscou ne croit pas aux larmes est une fresque, couvrant la vie de trois femmes et de deux Russies, deux mondes : ceux qui vivent à Moscou, et ceux qui y sont nés. D'abord cruel, le film emprunte les chemins de la parodie et parfois ceux de la farce, jusqu'à ce que cette dite farce tourne mal, et que le film trouve son point de rupture tragique. Mais le tragique est surmonté par l'héroïne. Il n'y a pas de final désastreux. Au contraire, une nouvelle vie commence. Plus dure, plus sèche, mais peut-être plus vraie. Peut-être seulement. Car ce qu'on croyait être une morale marxiste dans la première partie se révèle être bien plus retors dans la seconde. Cette jeune fille qui n'a pas réussi à dire à son amant qu'elle était ouvrière, ne réussira pas à dire non plus à son nouvel amour qu'elle est la directrice de l'usine pour laquelle il travaille. Cela va bien plus loin que la lutte des classes. Cela va jusqu'à l'acceptation toujours difficile de soi. Et les conséquences que cette négation de soi entraînent sur le rapport aux autres. Aussi le film, d'abord comique, satyrique, se fait profondément sentimental et psychologique. Les acteurs sont tous éblouissants. Leur vieillissement est très réussi. On sent dans leur jeu une différence nette, mais pas une parfaite étrangeté. Non, seulement le passage du temps, l'usure de la vie (et le film est là encore assez mordant en ce qui concerne les personnages secondaires - surtout pour le premier amour, coincé dans un passé, dans une répétition du même, pathétique, anodin - et s'il fascinait au début, s'il avait cette puissance de l'homme aimé, dans la seconde partie, le réalisateur s'acharne à nous défasciner de lui, à nous le faire voir vraiment).

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