mercredi 12 novembre 2008

Tout est pardonné - Mia Hansen-Love



Tout Est Pardonné est un premier film, et il en a la grâce et les défauts. Mais les défauts sont rares. Vite, on les oublie. Quelques dialogues un peu lourds par moment, quelques velléités démonstratives. Tout Est Pardonné est avant tout un film rageur, un film froid, qui envoie tout balader, tout le bon goût français. Il y a des personnages avec des aspects sombres et lumineux très travaillés, et un scénario dont l'histoire s'étend sur dix ans. C'est rare. Et Mia Hansen Love porte cette ambition jusqu'au bout. Chaque plan approfondit le précédent, lui donne une teneur nouvelle. La mère, sainte martyre au début, révèle un coeur glacé. Le père, attachant mais perdu, drogué, déconnecté, semblera revenir, et puis non, pas vraiment, ou à sa manière, violente, brutale, romantique. Mia Hansen Love filme l'irréparable. Formellement, le film est éblouissant. Parfois un peu pressé (certaines scènes auraient pu durer plus longtemps - notamment la scène de la boîte de nuit, moment extatique, délivrant, trop vite abrégé). La cinéaste développe un vrai sens du cadre et de la lumière. Pas un plan à jeter. Sans que ce soit décoratif. Il y a une picturalité. Une vérité à saisir, inscrite sur le visage ou le corps de l'acteur. Et ses cadres et ses lumières, seuls, racontent une histoire, donnent quelque chose, nourrissent son film d'émotions et de significations. Il n'y a presque pas besoin de plus. Elle a également un sens de l'espace, de la ville. Vienne, Paris, la campagne. Tout est très précis, très beau et très vivant. Le lieu compte. Son identité, son atmosphère, influencent le récit.

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