lundi 28 novembre 2011

Sleeping beauty - Julia Leigh

L'actrice est belle, mais à la fin du film, elle crie, et on se rend compte qu'elle n'est que belle. On se rend compte aussi que sa beauté n'a jamais été mise en jeu, mise en danger. Elle est passée dans chaque scène comme un motif décoratif. Le problème étant que chaque scène est elle-même la décoration d'un propos.
Que dit Julia Leigh du monde et de la vie ? Que tout s'y répète sans entrain. Que l'amour est impossible. Que les hommes sont sans force. Que les femmes ne prennent pas le pouvoir. Qu'il n'y a entre les femmes qu'un simulacre de pitié, un magazine nommé Woman qu'on s'échange dans un train de banlieue, une larme qu'on sèche tandis que l'autre dort, un secret qu'on garde, une question qu'on ne pose pas. Et, entre les hommes et les femmes, un désir d'ignorer.
Ca pourrait être beau, critique, puissant comme Jeanne Dielman (le grand modèle des films de femmes) - c'est seulement du cinéma d'auteur : pas d'humour mais de l'ironie, pas de mise en scène mais de beaux plans, pas de rage mais de la symétrie, et des dialogues hyper-écrits qu'on n'arrive pas à suivre parce que les acteurs jouent mal (attention, on cite Ingeborg Bachmann, un homme résume un de ses livres en gros plan regard caméra pendant dix minutes - ou quand la radicalité se résume à du chronométrage - et l'intelligence à de la référence).
La grande idée du film est de mélanger Belle au bois dormant et Boîte de Pandore. C'est en effet la curiosité qui pousse la Belle à se réveiller. Elle veut savoir ce qui se trame pendant son sommeil, ce que les hommes, qui paient pour passer un temps près d'elle endormie, font d'elle. Elle pose alors une petite caméra sur un vase antique, et on voit : rien. Il ne se passe rien pendant qu'elle dort. Il n'y a plus qu'une seule solution : se réveiller.
Moins lourde peut-être et plus troublante, cette autre idée : la jeune fille cumule trois jobs différents, elle nettoie des tables, elle fait des photocopies, elle s'endort auprès de vieux messieurs, elle passe ses journées et ses nuits à essayer de gagner de l'argent, et pourtant elle ne peut pas payer son loyer. La question qu'on se pose tout le long du film est dès lors la suivante : où va l'argent ? Tout se passe comme si l'activité ne produisait rien, aucune richesse. Julia Leigh met en échec la valeur-travail, en substituant à la notion de dépense celle de perte - au gain, l'oubli. Quand Clara dit à Lucy que le travail qu'elle lui propose est un moyen d'accéder au bonheur, mais ne peut être le bonheur lui-même, c'est toute l'idéologie capitaliste et son échec qui sont mis en cause.
Mais le film est figé dans sa posture critique et ne prend aucun risque. Un homme, amoureux de Lucy, qui fait tremper son muesli dans du rhum (quelques détails de ce genre parcourent le film, plutôt jolis, mais insuffisants), meurt ; Lucy sanglote, et aussitôt un plan la montre nettoyant une table avec application. Dans ce plan, il ne se passe rien. Le plan est là de façon purement fonctionnelle. Il est là pour produire un discours. Et c'est tout le problème du film que de jouer l'ellipse en imposant le symbole - Julia Leigh refuse l'explication mais force le sens.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

wao ridicule ton commentaire, sinon ça te dit de le regarder une deuxième fois histoire de critiquer quelque chose que tu auras un minimum compri?

asketoner a dit…

non

Anonyme a dit…

alors abstiens toi

asketoner a dit…

t'abstenir également de poster ici des commentaires sans intérêt ne serait pas une mauvaise chose

Anonyme a dit…

Toujours étonnant de voir des gens critiquer quelque chose qu'ils n'ont même pas compris...

Anonyme a dit…

Merci à toi anonyme !