mardi 18 novembre 2008

Danielle Collobert pour parler de Philippe Garrel



"un moyen - un compromis - pour continuer à vivre - po
ur s'apparaître peut-être encore de temps en temps - sans image - sans reflet - seulement s'entendre - le souffle - le cri - les mots - quelquefois - avant de disparaître - tracer quelque chose - quelque part - pour rien - sans nécessité sûrement - être là - pourtant - encore - à essayer"

Danielle Collobert, Dire II


On dirait un film de Philippe Garrel. La façon dont les morceaux de phrases (de scènes) se succèdent. Mieux, se heurtent.
On dirait un corps contradictoire. Une matière organique menacée, qui survit par extraits, par lambeaux.

Garrel et Collobert ont ce même art du montage syncopé, où les mots (où les images) s'évanouissent, tom
bent, sont aspirés les uns dans les autres. Ils font chacun, dirait-on, les blasons d'un corps émietté, qui n'a pu être rassemblé que de façon parcellaire. Un corps avec des gouffres, des manques, et des associations anatomiques curieuses. Des blasons, oui. Leurs mots (leurs images) ont cette dignité bancale, cette persistance qui est aussi une survivance.


"assouvir jamais - désir de voix - brouillard partout - dans lequel surgit - de toujours les bras en avant - taillant du corps le vent coupe l'épaisseur - isole une voix - et cerne - gravite autour - progression vers un corps - parlant - là"

Danielle Collobert, Il donc

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