mercredi 12 novembre 2008

Le démon s'éveille la nuit - Clash by night - Fritz Lang



Certainement pas le meilleur film de Fritz Lang (de toutes façons sa période hollywoodienne n'est pas bien fameuse), très condescendant, rassurant, formaté (le propos sur le mariage, la maternité, la responsabilité - la vision de l'homme aventureux comme un adolescent attardé), mais tout de même très habile dans sa façon de poser un lieu, un climat, une ambiance.

Ici, une ville de pêcheurs. Vers six heures, les femmes se lèvent et sortent en silence dans la rue pour se rendre à l'usine dépioter les poissons. La nuit, les hommes sont en mer. L'ambiance est délétère. La misère omniprésente. Quelque chose d'inhumain. De trop protégé. De plus du tout animal. Le travail, l'argent, la maison, la soupe, la femme pour les vieux jours, le bébé. Tout est en ordre. Et quand il manque quelque chose, c'est forcément une des choses citées ci dessus. Rien ne dépasse. Pas de place pour l'extravagance. En quelques plans Fritz Lang nous dresse le portrait de cette ville de manière très claire, les relations entre les êtres. Il faut lui reconnaître une grande précision narrative.
Il y a aussi un personnage intéressant : Jerry. Un homme-maman. Protégeant sa femme, son père, son oncle, son enfant. Homme-couverture, homme-ourson, que le moindre mouvement imprévu brusque, déstabilise absolument. Homme d'une grande bonté aussi, certainement pas très malin ni très aventureux, mais sincère, et aimant, à sa manière minuscule et tendre. Un homme qui a peur de sa propre violence. Qui s'en veut d'avoir voulu frapper l'amant de sa femme.
A aucun moment n'est posée la question de la solitude autrement que sous forme d'angoisse. Les gens, dans Le Démon S'éveille La Nuit, veulent s'agréger les uns aux autres, faire corps, intégrer la ville, se ressembler, se réunir, se soutenir. La femme de Jerry ne pensera à quitter son mari que pour tomber dans les bras d'un autre. La solitude effraie trop.

Aucun commentaire: