L'exposition Rachel, Monique de Sophie Calle au Palais de Tokyo est l'occasion de découvrir un lieu en chantier : les salles et couloirs de l'ancienne Cinémathèque de Chaillot en démolition/rénovation/béton. La façon dont l'artiste a investi l'espace est vraiment intéressante, et ajoute quelque chose à l'atmosphère du lieu. Le mausolée se réanime.
Derrière quelques grilles de chantier, des fleurs mortuaires dans un vase, dont l'odeur parvient jusqu'au spectateur. Des plaques partout, sur lesquelles on peut lire l'inscription suivante : Souci. C'est le dernier mot que la mère de Sophie Calle a prononcé avant de mourir. "Ne vous faîtes pas de souci." Le mot de la morte se trouve détourné, comme dans une interview une phrase extraite et mise en évidence, perdant le sens intentionnel de celui qui l'a prononcée.
La suite est une série d'aventures (au Pôle Nord, à Lourdes, à la mer), où Sophie Calle, suivant les conseils de sa voyante, joue le rôle de Tintin. Ce qui m'a semblé marquant, c'est la fascination de Sophie Calle pour la notion de destin. Et la façon dont oeuvre et vie se rejoignent, semblent inextricablement liées l'une à l'autre.
M'intéresse moins l'ambition du grand-oeuvre-sur-la-mort, qu'on sent un peu partout présente.
A l'étage, on peut voir l'exposition collective Fresh Hell, une carte blanche à Adam Mac Ewen.
On y découvre des oeuvres plutôt intéressantes et magnifiquement mises en valeur dans leur coexistence.
Je retiendrai surtout le labyrinthe suspendu de Georg Herold, qui aurait mérité d'être plus gigantesque encore. Hors musée, l'oeuvre doit être tout aussi splendide, si ce n'est plus, comme le montre la photographie ci-dessous.
Les performances filmées de Gino de Domenicis m'ont beaucoup plu. Celle où l'artiste essaie de faire en sorte que les cailloux qu'il jette dans l'eau fassent des ronds plutôt que des carrés est hilarante.
Les jeans gonflés de béton de Rob Pruitt m'ont beaucoup amusé, collés aux Tentatives de réagrégation d'Henri Michaux.
La photographie découpée des oreilles de Jasper Johns, par Michelangelo Pistoletto, est une merveille. On invente le nez, la bouche et les yeux qu'on veut, dans cet espace laissé libre, dans cette bande disparue. Plutôt que les moustaches ajoutées à la Joconde, c'est une partie retranchée à un visage.
Enfin, le court-métrage de Bruce Nauman et Frank Owen, intitulé Pursuit, où les artistes filment des gens courir sur un tapis roulant, sans jamais filmer le tapis, est assez sidérant. On voit d'abord l'ensemble, puis seulement une partie (vêtements, pieds, coudes). Et cette partie en mouvement ne dit plus rien de ce qu'on connaît d'un corps. C'est une manière d'aller vers l'abstraction à partir d'une chose très concrète et très clairement définie. En fait, Pursuit est une définition de l'abstraction.
Plus loin encore, dans un autre espace, on peut voir l'exposition Grand Radical Country Mix, de Fabien Souche. Hilarants détournements, dont voici quelques images.
Derrière quelques grilles de chantier, des fleurs mortuaires dans un vase, dont l'odeur parvient jusqu'au spectateur. Des plaques partout, sur lesquelles on peut lire l'inscription suivante : Souci. C'est le dernier mot que la mère de Sophie Calle a prononcé avant de mourir. "Ne vous faîtes pas de souci." Le mot de la morte se trouve détourné, comme dans une interview une phrase extraite et mise en évidence, perdant le sens intentionnel de celui qui l'a prononcée.
La suite est une série d'aventures (au Pôle Nord, à Lourdes, à la mer), où Sophie Calle, suivant les conseils de sa voyante, joue le rôle de Tintin. Ce qui m'a semblé marquant, c'est la fascination de Sophie Calle pour la notion de destin. Et la façon dont oeuvre et vie se rejoignent, semblent inextricablement liées l'une à l'autre.
M'intéresse moins l'ambition du grand-oeuvre-sur-la-mort, qu'on sent un peu partout présente.
A l'étage, on peut voir l'exposition collective Fresh Hell, une carte blanche à Adam Mac Ewen.
On y découvre des oeuvres plutôt intéressantes et magnifiquement mises en valeur dans leur coexistence.
Je retiendrai surtout le labyrinthe suspendu de Georg Herold, qui aurait mérité d'être plus gigantesque encore. Hors musée, l'oeuvre doit être tout aussi splendide, si ce n'est plus, comme le montre la photographie ci-dessous.
Les performances filmées de Gino de Domenicis m'ont beaucoup plu. Celle où l'artiste essaie de faire en sorte que les cailloux qu'il jette dans l'eau fassent des ronds plutôt que des carrés est hilarante.
Les jeans gonflés de béton de Rob Pruitt m'ont beaucoup amusé, collés aux Tentatives de réagrégation d'Henri Michaux.
La photographie découpée des oreilles de Jasper Johns, par Michelangelo Pistoletto, est une merveille. On invente le nez, la bouche et les yeux qu'on veut, dans cet espace laissé libre, dans cette bande disparue. Plutôt que les moustaches ajoutées à la Joconde, c'est une partie retranchée à un visage.
Enfin, le court-métrage de Bruce Nauman et Frank Owen, intitulé Pursuit, où les artistes filment des gens courir sur un tapis roulant, sans jamais filmer le tapis, est assez sidérant. On voit d'abord l'ensemble, puis seulement une partie (vêtements, pieds, coudes). Et cette partie en mouvement ne dit plus rien de ce qu'on connaît d'un corps. C'est une manière d'aller vers l'abstraction à partir d'une chose très concrète et très clairement définie. En fait, Pursuit est une définition de l'abstraction.
Plus loin encore, dans un autre espace, on peut voir l'exposition Grand Radical Country Mix, de Fabien Souche. Hilarants détournements, dont voici quelques images.
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