Used innocence est un film intime, autobiographique, qui trouve dans la rencontre avec un fait divers son point d’incarnation. James Benning, en pleine rupture amoureuse, s’intéresse au cas de Lawrencia Bembenek, arrêtée pour le meurtre de l’ex-femme de son mari. Ils s’échangent des lettres, lues sur fond de ciels. Ils se racontent. Lui envoie en prison sa détresse, sa peine. Elle transmet à l’extérieur ses difficultés quotidiennes. Dans cet échange, le film fait peau. Le film est ce qui sépare le cinéaste de son sujet, et il est la surface où chacun affleure. On apprend autant sur le cas Bembenek que sur le cas Benning. Used innocence est un révélateur, un plan d’hypothèses : l’innocence de l’une et sa remise en liberté, la recouvrance de l’autre, la sortie de crise. Deux mouvements : Benning renvoie vers l’intérieur (la prison) ses affects ; Bembenek fait éclater dans le monde ce qu’elle est contrainte de garder pour elle. Benning recouvre le film, Bembenek en est la chair.
Used innocence reprend le procédé de Landscape suicide : faire jouer à des acteurs des dépositions, et montrer une ville qui semble vidée de ses habitants, comme gangrenée par la honte. Le cinéaste ajoute à cela des plans incongrus sur des objets étranges (une perruque, un tuyau, un trou dans un mur), auxquels il greffe des sons qui ne leur correspondent pas. Ce sont comme des indices ponctuant le film, comme la matérialisation d’un mystère, d’un inconnaissable.
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