vendredi 28 novembre 2008

Les hommes - Ariane Michel



Elle est gonflée, Ariane Michel. Son film s'appelle Les hommes, et commence par vingt minutes de brume, de mer et de glace. Vingt minutes se concluant sur la vision d'un ours polaire, attendant près d'un trou d'eau. Ensuite, la réalisatrice ausculte les pierres, les phoques, les fleurs, les morses, les vagues, les oiseaux. Elle regarde ce monde nouveau, sûre de la puissance de ce qu'elle voit. Et puis les hommes arrivent, taches orange fluo, souvent floues, un peu lourdes sur ces paysages qui ne leur ressemblent pas. Le comble : cet homme énonçant le nom des fleurs - nommer, ce n'est pas dire. Alors Ariane Michel montre. Parce qu'elle sait que ce qu'elle voit, peu de gens le verront vraiment. Elle enregistre patiemment cette découverte. Chaque minute compte. Tout est surprise.
Et si le film s'appelle Les hommes, c'est parce que la réalisatrice met en scène l'arrivée d'un bateau et de son équipage. Comment le monde réagit à l'apparition des hommes. Comment les hommes appréhendent l'inconnu (par des noms, des mains dans le ciel suivant les oiseaux, des jumelles, des fusils, des anoraks orange fluo).
Le sujet du film se révèle vraiment lorsque l'un des chercheurs parle de la disparition des populations successives du Groënland. Apparition / Disparition : ce qui signale la présence humaine. Tout, dans Les hommes, est histoire de présence.
Après
Sub, l’extraordinaire court-métrage de Julien Loustau sur le fleuve Yang-Tze, Les hommes nous donne à croire que le cinéma français veut prendre le large.

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