Il y a d'abord une boule blanche qui s'élève dans
un cadre noir, et qui laisse derrière elle des particules colorées, une traînée
de cendres aux couleurs numériques. Et puis il y a un chien, qu'on suit dans sa
promenade en images saccadées - à travers un filtre rouge d'abord, puis en noir
et blanc. Le chien organise les rencontres du film, et les images saccadées
miment son affolement : là un cochon, là les pieds du voisin, là de l'herbe.
Soudain la ville apparaît, et avec elle vient le silence. Alors deux lignes
d'images strient l'écran, figurant des mains et des visages réunis par des
cliquetis entêtants, une manifestation. Un homme dort dans une pièce rouge. Son
rêve soulève les palmes vertes de la forêt. Et la lumière dorée du soleil
embrase un plancher sur lequel s'agitent des ombres. L'écran devient noir,
débute alors le récit d'un rêve où un homme dessinait les immeubles de sa
mémoire dont les couleurs ont disparu. L'image, devenue kaléidoscopique,
ressuscite ces couleurs. L'homme dit vouloir quitter le cinéma pour devenir
peintre. Une célébration a lieu en ville, de nuit, où les feux d'artifice
laissent derrière eux des cendres de couleur éphémères.
Que devient Apichatpong Weerasethakul ? Il s'autoproclame peintre. Peintre de cinéma : il colore ses plans comme autant de tableaux devant lesquels on ne peut pas s'arrêter. Il devient surtout spécialiste des rêves. Ses films abordent de plus en plus souvent ce thème qui tourne au procédé : un récit en voix-off et des images qui mêle la clarté et le calme de leur composition au trouble et à l'agitation de leur succession. Le montage, plus musical que narratif, est l'inquiétude qui vient faire trembler le plan, lequel est le lieu de la grâce, de la paix, de la méditation et de la vision. Ashes ressemble au film d'un cinéaste qui doute, prenant un chien pour éclaireur. Entre abandonner le cinéma ou s'y abandonner, la limite est ténue. On verra bien ce que raconte Mekong Hotel.
Que devient Apichatpong Weerasethakul ? Il s'autoproclame peintre. Peintre de cinéma : il colore ses plans comme autant de tableaux devant lesquels on ne peut pas s'arrêter. Il devient surtout spécialiste des rêves. Ses films abordent de plus en plus souvent ce thème qui tourne au procédé : un récit en voix-off et des images qui mêle la clarté et le calme de leur composition au trouble et à l'agitation de leur succession. Le montage, plus musical que narratif, est l'inquiétude qui vient faire trembler le plan, lequel est le lieu de la grâce, de la paix, de la méditation et de la vision. Ashes ressemble au film d'un cinéaste qui doute, prenant un chien pour éclaireur. Entre abandonner le cinéma ou s'y abandonner, la limite est ténue. On verra bien ce que raconte Mekong Hotel.
Le film est visible gratuitement ici, sur Mubi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire