mardi 11 novembre 2008

Hatari ! - Howard Hawks

Hatari !, de Howard Hawks, est un film qui redonne à éprouver la joie simple de voir des corps entrer et sortir du champ. Mystère de la présence (humaine et animale : mystère de la vie et de son mouvement). C'est aussi un film cosmopolite, où quelques "captureurs" d'animaux sauvages, américains, irlandais, français, italiens, allemands, se réunissent dans la savane et partagent une saison, un temps, un lieu, quelques aventures au gré des commandes des zoos. Un homme brisé, John Wayne - un pilote de course qui a fait une mauvaise chute - un Indien qui se méfie des rhinocéros - un savant fou et vieux garçon - un mystérieux français (Gérard Blain, le père de Paul) - une jeune fille devenue femme - une photographe en robe et talons hauts - ce 'petit monde' est un vrai monde - ils chantent ensemble, dansent, boivent, partent à la chasse. Ils vivent ensemble - et le terme "ensemble" a une signification sublime dans ce film.
C'est incroyable ce que les personnages se donnent, la vie qui émane d'eux - vie non réaliste, absolument fantaisiste, romanesque - et c'est là le tour de force du cinéaste, jamais banal, mais toujours généreux, toujours vrai plutôt que conforme. Hawks ne triche pas. Mais il demande beaucoup.

Et les animaux, donc. Ils jouent un rôle central chez Hawks, dans l'échange des désirs, dans la connaissance de l'autre, dans la naissance de l'amour. Le film débute par une chasse au rhinocéros. Hawks prend son temps et livre des plans parmi les plus simples et les plus beaux, d'une énergie folle. La course aux girafes, notamment, est éblouissante. Et les trois éléphanteaux qui se baladent sur de la musique pop (très belle musique, au passage) ravit. C'est du cinéma d'action, mais pas du cinéma d'effets. Le suspense naît d'une attention toute particulière au temps et aux motivations profondes des êtres, pas d'un enchaînement rapide de plans qui bougent. C'est sublime.

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