mardi 11 novembre 2008

Le voyage du ballon rouge - Hou Hsiao-Hsien



C'est un film d'une grande douceur, sur l'épuisement d'une ville, et la solitude d'êtres rongés pour des raisons qu'ils n'expriment pas (ou peu). C'est long, c'est beau (magnifique lumière, superbes reflets, mouvements de caméra d'une fluidité hallucinante) - et qui pose dès le début son motif : un enfant parle à quelque chose ou quelqu'un dans le ciel qu'on ne voit pas. C'est peut-être Dieu, sauf que le mouvement de caméra nous révèlera la présence d'un ballon rouge. Parfois visible (la dv de la babysitter le saisit), parfois ignoré par les personnages - il est la troublante manifestation d'une présence. Ce garçon qui s'invente un ballon pour le suivre (ou qui est effectivement suivi par le ballon), fait en somme l'expérience de la foi, juste après celle de l'esseulement. C'est une belle idée (je n'ai pas vu le film de Lamorisse, mais on comprend bien pourquoi HHH s'est emparé de ce binôme enfant/ballon). HHH, très critique dans sa chronique familiale (les hommes entre eux ne se parlent pas, les petits-bourgeois de l'occident ont des vies bien tristes, l'argent pourrit les relations, etc...), repeuple le ciel de la ville, réconforte l'enfant, et privilégie l'apprentie cinéaste. Il s'agit d'apprendre à voir. Voir est vraiment la seule solution pour rester en vie. Alors on suit la tache rouge dans le ciel, et quand elle disparaît on traque son ombre sur les façades des immeubles. Il est étrange de voir combien le film de l'étudiante ressemble à celui que nous sommes en train de voir. Petit essai ? Escapade anodine ? Pas seulement. Paris est une ville qui ne se laisse plus facilement filmer. HHH en livre une version personnelle et parfois touchante. Certainement une piste pour nos cinéastes.

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