mercredi 12 novembre 2008

Le cheval qui pleure - Dorogoy tsenoy - Mark Donskoi



C'est un film d'un lyrisme absolu, qui n'a pas peur de son outrance, de son trop plein, de sa démesure - et qui en même temps n'est jamais faux, parce qu'il invente toujours (ainsi cette scène chantée sur le fleuve, où l'on fait d'un acte meurtrier une sérénade, donc une comédie, donc une tragédie).
Le cheval qui pleure joue sur les oppositions très dialectiques d'un certain sérieux ukrainien contre une extravagance tzigane, d'un corps contre le monde, d'un homme contre une femme, d'un amour fou contre une société plus folle encore, de deux pays qui l'un pour l'autre représentent le paradis. Et tout fonctionne. Parce que tout s'inscrit absolument dans le corps des acteurs - corps mourant, corps soigné, corps empêché, corps désirant, corps travesti - l'éternuement qui pourrait être fatal, la balle hasardeuse qui touche sa cible, la course dans les roseaux filmée au ras du sol : c'est une épopée. Et c'est très émouvant. Parce que, même si ce film n'a pas une personnalité très forte (il exécute sa tache : raconter une histoire, et il le fait bien, mais sans s'arrêter, sans réfléchir, au risque de l'essoufflement), même s'il donne sans cesse l'impression d'avoir vieilli, c'est un film fou, qui abat toutes ses cartes d'un coup mais ne cesse d'en réinventer les possibles combinaisons.

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