jeudi 20 novembre 2008

La dame du vendredi - His girl friday - Howard Hawks



C'est un petit théâtre d'événements intimes et municipaux.
Une journaliste revient annoncer à son ex-mari, directeur du canard pour lequel elle travaillait, qu'elle se remarie le lendemain. Le lendemain, date de l'exécution d'un homme, sombrement liée aux prochaines élections.
Trois suspenses coexistent : Rosalind Russell retombera-t-elle sous le charme de Cary Grant, le meurtrier sera-t-il pendu ou sa folie sera-t-elle prouvée, le maire véreux sera-t-il réélu ? Evidemment, les trois intrigues résonnent : le mariage est un arrêt de mort, et un trafic d'influences (on a déjà vu ça chez Howard Hawks).
On est comme au théâtre. Les acteurs ont le chic pour s'envoyer la réplique côte à côte face caméra. Les gestes sont excentriques. Les piques fusent. Un flot incessant de paroles qui s'enjambent, de mensonges qui s'aggravent. Sans champ/contre-champ, juste de modestes (mais brusques) recadrages.
C'est peut-être le film le plus cynique d'Howard Hawks, le plus désillusionné. Tout confine ici à l'abjection, jusqu'au suicide sec et sans appel d'une jeune femme humiliée, comme une trouée dans le récit comique, aussitôt recouverte par quelque dialogue éclatant et quelque gesticulation. Dans ce flux d'images plein d'à-coups, une tragédie s'oublie vite. Nul cas de l'émotion. On va jusqu'à fermer la porte sur un ressort mélodramatique puissant. Où Hawks pourrait nous émouvoir, quand le nouveau mari de Rosalind Russell retrouve sa mère et lui explique sa situation désastreuse, un journaliste passe et fait disparaître les deux personnages, figurines d'un autre film, parodies du bon sentiment se jouant sur une autre scène.

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