Dans Grand Opera, on entend cette phrase :
This film is not about you,
It’s about his maker.
Plus qu’une blague, plus qu’une provocation, c’est une clef, je crois, pour comprendre l’extrême singularité du cinéma de James Benning. Ca ne caresse pas, ça ne suggère rien, c’est du cinéma qui presse et tord. C’est une vision qui s’impose.
Grand Opera est l’histoire d’un jeune homme qui arrive dans une ville avec un nombre en tête, dont la transcription est infinie. Il le précise chaque jour un peu plus dans un petit livre rouge. La ville est menacée. Deux avions vont surgir dans le ciel, et il y aura une explosion et un nuage en forme de champignon au-dessus des buildings. Si le nombre est découvert dans son entièreté (si l’infini est saisi dans sa totalité), tout s’écroule.
Le film est un montage de paroles et d’images – paroles prophétiques, alphabets, chansons, histoires macabres, images d’une ville en chantier, de cactus, d’immeubles, de chambres à coucher et d’enfants. C’est une série d’essais (plans giratoires, montage frénétique, superpositions dissonantes de sons et d’images, découpage désordonné des plans de One Way Boogie Woogie…), où Benning se débat si fort avec son esprit conceptuel que chaque idée, chaque tentative, est minée de l’intérieur par l’absurde.
A mon sens, pas la plus grande réussite du cinéaste.
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