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De Seta est un peintre, quelque part entre Troyon et Millet. Mais à l’inverse de Rouch, qui fait des tableaux avec du quotidien, le cinéaste italien fait du quotidien avec des tableaux. Comme si la matière était donnée d’avance, comme si la beauté n’était pas à conquérir. Les images de ses films, aux couleurs saturées, presque figées, ne semblent rien dire d’autre que « c’est compliqué de vivre ici », « il chante », « il y a du vent », « la ville est loin »… Il y a une littéralité de l’image qui confine au maniérisme – à la pose, croit-on parfois, quand les captations documentaires sont trop ouvertement préparées et mises en scène.
Le problème est peut-être là : Rouch a été choisi par son sujet, tandis que de Seta tente de faire quelque chose (de faire sujet) avec ce qui est à sa portée. Noble intention, mais il manque quelque chose, un rapport entre le documentariste et ce qu’il documente, plus d’échanges, d’interventions. A l’issue des dix courts-métrages, on se pose une question : qu’ont apporté les documentaires de de Seta aux hommes qu’il filmait ?
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