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mercredi 16 mai 2012

11 fleurs, de Wang Xiaoshuai







11 fleurs est d’abord assez canonique, alignant mollement les détails propres aux films dont l’action se situe au passé (1975 en Chine). Le récit est une succession de souvenirs d’enfance, n’échappant ni à la nostalgie, ni au caractère vampirique du réalisme convoqué et de sa minutie. Tout y passe, image en noir et blanc se colorisant progressivement, chansons d’antan, paysage bucolique, drapeaux rouges, portraits de Mao, évocation d’une période politique à travers des échanges d’opinion… C’est l’espoir fou d’un cinéma résurrecteur. Bon nombre de films crouleraient sous ce cahier des charges, mais 11 fleurs émerge, peu à peu, laissant libre cours à son art du portrait. On ne prête bientôt plus attention au carcan dans lequel il s’engonce, on se contente d’observer quelques gamins qui dans les plans ne cessent de s’accrocher – à des barres métalliques, aux autres, à des images qui s’éloignent (un père sur sa bicyclette, une chemise emportée par une rivière). Et dans l’ivresse des détails surgit une figure qui synthétise tout ce que le film comporte d’affects et d’histoires : une chemise blanche, que l’école impose à un petit garçon, que sa mère lui refuse, qui apparaît quand même, mais est vite emportée, récupérée, volée, promise, oubliée puis retrouvée.

A cette peinture d’une époque révolue, charmante et douce bien qu’un peu monotone, se mêle un propos tenu par le père du garçon sur la peinture : il lui apprend à regarder, et le film semble faire siennes ces leçons en troublant et en décalant progressivement le regard qu’il nous invite à porter sur son récit. Apprendre à voir, c’est le propos du film. Voir à l’envers, au risque de s’évanouir ; voir des seins et entendre l’orage gronder ; voir de dos et deviner des seins ; voir flou par fièvre et par amour ; apprendre à poser son regard sur chaque chose, au point qu’on finit par se passer de montrer, dans une scène très belle où les gamins miment l’arrestation d’un pyromane en quelques gestes et quelques phrases. Voir aussi ceux que le temps et l’histoire écartent de la vue : la famille du pyromane attend en haut des marches du commissariat, le gamin les aperçoit, mais ses parents l’en détournent – malgré tout, la vision volée reste, justement parce qu’elle a été volée. Ainsi c’est moins le sujet qui compte que le mouvement qui conduit jusqu’à lui. Parfois même le mouvement suffit. Le garçon court vers le sommet d’une colline pour apercevoir l’exécution du pyromane, mais il s’arrête brusquement avant de l’atteindre : il y a enfin une chose en ce monde dont il refuse d’être spectateur.

mardi 7 octobre 2008

Shanghaï dreams - Qing hong - Wang Xiaoshuai



Ils quittent le village au moment où l'on fusille les condamnés à mort, et se rendent à Shanghaï où ils ont laissé leur vie, leurs rêves, leurs plaisirs. La mort, c'est eux qui l'ont précipitée dans ces campagnes, en refusant d'y vivre vraiment. Les parents ont fait naître leurs enfants dans cet état, transitoire - si bien que les enfants n'ont jamais eu l'impression d'être né. Leurs parents ont tout fait pour qu'ils ne s'enracinent pas en ce lieu non désiré. Seules les études (qui permettent de se projeter dans le futur) comptent. L'amour, et même l'amitié, la joie, tout ce qui crée un lien à la ville, n'a pas de place. Le cinéaste parvient ainsi à nous donner l'idée que le lien à l'espace est une attention au présent - à ce qui se présente, à ce qui est offert - les talons rouges par exemple, façon d'épingler le sol, de s'y ancrer, plus que revendication générationnelle ou sexuelle. Il dit, sans appuyer, qu'on n'est jamais autant chez soi que quand on est dans le temps.
Et le tragique, l'irréparable, survient. Parce que ces êtres, à force de tout reporter, tout remettre, n'ont plus qu'à subir le présent et les décisions des notables qui le font. Ils n'ont plus le choix. Shanghaï n'existe plus. Qu'en connaissent-ils après vingt ans loin d'elle ? Comment leurs enfants peuvent-ils si longtemps croire que cet ailleurs qu'ils n'ont jamais vu leur est destiné ? Wang Xiaoshuai parle ainsi de la façon dont l'enfance et l'adolescence sont sacrifiées au profit des projets des adultes. De l'impossibilité de transmettre un souvenir, une nostalgie.


dimanche 31 décembre 2006

en 2006, dix films


1. La mort de Dante Lazarescu, Cristi Puiu
2. Hors-jeu, Jafar Panahi
3. Black book, Paul Verhoeven
4. Taxidermie, Gyorgy Palfi
5. Le nouveau monde, Terence Mallick
6. Les lumières du faubourg, Aki Kaurismaki
7. Odete, Joao Pedro Rodrigues
8. Rescue dawn, Werner Herzog
9. Les Berkman se séparent, Noah Baumbach
10. Shangaï dreams, Wang Xiaoshuai