mardi 7 octobre 2008

Shanghaï dreams - Qing hong - Wang Xiaoshuai



Ils quittent le village au moment où l'on fusille les condamnés à mort, et se rendent à Shanghaï où ils ont laissé leur vie, leurs rêves, leurs plaisirs. La mort, c'est eux qui l'ont précipitée dans ces campagnes, en refusant d'y vivre vraiment. Les parents ont fait naître leurs enfants dans cet état, transitoire - si bien que les enfants n'ont jamais eu l'impression d'être né. Leurs parents ont tout fait pour qu'ils ne s'enracinent pas en ce lieu non désiré. Seules les études (qui permettent de se projeter dans le futur) comptent. L'amour, et même l'amitié, la joie, tout ce qui crée un lien à la ville, n'a pas de place. Le cinéaste parvient ainsi à nous donner l'idée que le lien à l'espace est une attention au présent - à ce qui se présente, à ce qui est offert - les talons rouges par exemple, façon d'épingler le sol, de s'y ancrer, plus que revendication générationnelle ou sexuelle. Il dit, sans appuyer, qu'on n'est jamais autant chez soi que quand on est dans le temps.
Et le tragique, l'irréparable, survient. Parce que ces êtres, à force de tout reporter, tout remettre, n'ont plus qu'à subir le présent et les décisions des notables qui le font. Ils n'ont plus le choix. Shanghaï n'existe plus. Qu'en connaissent-ils après vingt ans loin d'elle ? Comment leurs enfants peuvent-ils si longtemps croire que cet ailleurs qu'ils n'ont jamais vu leur est destiné ? Wang Xiaoshuai parle ainsi de la façon dont l'enfance et l'adolescence sont sacrifiées au profit des projets des adultes. De l'impossibilité de transmettre un souvenir, une nostalgie.


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