Passons sur le Gondry, futile apéritif, et sur le Bong Joon-Ho, in-digestif lourd et niais : le seul vrai film de Tokyo !, c'est Merde.
On a pu lire ça et là que Merde était un remix syncopé des précédents Carax - à mon sens, pas du tout. C'est un Carax nouveau, loin du jubilé posthume, plutôt jubilatoire et bien vivant.
Merde, c'est l'histoire d'une démarche inopportune - l'histoire d'un homme qui, marchant dans les rues de Tokyo, sème la terreur. Les trois films du programme tendent à faire de Tokyo un corps social étroit, où la sympathie n'est même plus feinte, ou l'humanité est neutralisée. Le film de Carax n'échappe pas à ce constat, mais il est le seul à l'affronter violemment (Bong Joon-Ho fait son Cinquième Elément, "appuie sur mon bouton LOVE et la Terre tremblera" ; Gondry reste dans la chronique au fantastique passif et décoratif), envoyant Denis Lavant dans la rue, en Chaplin sale et dangereux, aimant la vie mais pas les gens, sauf sa maman et son dieu.
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On ne peut pas raconter le film - ce sont trente minutes de surprises incessantes (telle la voix de Monsieur Merde, qui surgit tardivement et fait basculer le film, deuxième donnée d'un corps inattendu et révoltant), trente minutes frénétiques, de montage, d'esthétique, et de révolution.
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