Le sommeil d'or est un documentaire sans documents,
puisqu'il s'intéresse à une Atlantide : le cinéma cambodgien d'avant 1975 (c'est-à-dire
avant l'invasion de Phnom Penh par les Khmers rouges). Du coup, il prend la
forme assez ingrate du recueil de témoignages, mais s'en extrait par
l'inventivité de sa mise en scène et l'attention qu'il porte au présent filmé
(ces visages de stars, de cinéastes ou de cinéphiles déchus, cette jeunesse
vivant parmi des souvenirs sans ruine, et ces survivants qui n'ont pas d'autre
choix que de se faire ruines eux-mêmes, blocs de douleur ou de joies
confisquées par la guerre). Je regrette que le film ne s'essaie pas plus (ou
plus longuement) à l'invention d'une fiction. Les quelques tentatives sont
habiles et stimulantes. Et si Davy Chou n'évite pas le confessionnal
documentaire le plus banal, il répartit de façon fluide parole informative et
images (re)créatrices, dissipant à la fois les menaces de lourdeur et de
facticité par un bel équilibre.
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