Cactus River est une visite. On revoit l’actrice
Jenjira Pongpas (celle qui boite dans les films d’Apichatpong Weerasethakul), fraîchement
mariée et vivant près du fleuve Mekong. Le court-métrage a le noir et blanc du
souvenir, et pourtant tout le film est au présent – mais il est hanté par les fictions passées. On y observe la façon dont Apichatpong Weerasethakul distingue le personnage de la personne : qu'est-ce que c'est que filmer une actrice, et filmer une amie ? Avec l'actrice la scène se déploie autour du corps boiteux (Oncle Boonmee et Syndromes and a century), partie d'un tout que le cinéaste pense sur le monde du 'on', avec l'amie le temps est l'écrin du portrait (il passe à l’accéléré, s’arrête soudain, reprend
sa course, et ralentit pour observer le mouvement d’un skater), et la particularité physique rien de plus qu'une virgule dans la longue phrase heurtée du film, écrite au 'je'. C'est le visage plus que le corps qui intéresse ici le cinéaste, et c'est à partir de ce visage que le monde s'ouvre, que le fleuve peut être filmé. Le visage, son regard, et l'amitié qui le change en image.
Le film est visible sur Youtube, ici.
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