Le titre laissait présager un pensum épouvantable sur
le lesbianisme refoulé d'une paire de nonnes, avec un jeu sur le dedans/dehors
(genre double-vie : folle de Dieu le jour folle du cul la nuit) qui évidemment
terminerait dedans tout en se croyant au-delà, c'est-à-dire sublimé. Au
pire, ça aurait été un Brokeback Mountain lesbien roumain, au mieux un
hommage au Narcisse Noir de Michael Powell. Mais c'était oublier que
Mungiu, non content d'être un directeur d'acteurs extraordinaire (dans ses
plans larges où plusieurs personnages apparaissent, tout le monde vit, et même
quand les nonnes rassemblées dans les coins du cadre, épiant et commentant
l'action comme des petits oiseaux, font au spectateur l'effet d'un choeur
antique, ce n'est jamais mécanique), a un talent incroyable pour la comédie.
Le problème, c'est qu'il ne le sait pas, ou pas assez. Il s'embarrasse d'explications psychologiques, il encombre son film de soulignements des enjeux et des rapports de force, au lieu d'aller à fond dans ce qu'il sait le mieux faire. L'insistance de son personnage principal (l'amoureuse éperdue d'une nonne) devient celle de sa mise en scène. Ca n'empêche pas la farce : l'amoureuse se retrouve crucifiée par les soeurs sans qu'elles se rendent compte de ce qu'elles font. Ce moment de comédie envoie en l'air toutes les pesanteurs du film. Ce n'est pas le seul. De nombreux détails miraculeusement absurdes ponctuent l'ensemble très écrit et très dialogué, tel cette femme complètement plâtrée au premier plan d'une scène où l'amoureuse est attachée à un lit d'hôpital autour des soeurs qu'elle vient de gifler.
Le plus beau tient à la façon qu'a Mungiu d'entrer dans chaque scène avec l'espoir qu'il s'y passe quelque chose, que la situation soit transformée. C'est une façon énergique de faire du cinéma. Pas volontariste. Le premier plan pourrait nous faire craindre un émule de Rosetta comme il en existe 160000 : on suit une femme de dos avancer sur une voie ferrée. Mais Mungiu a sa singularité, et plutôt que d'aligner les faits (action, action, action) il les provoque (réaction). La femme en retrouve une autre, qui la serre dans ses bras et se met à pleurer. Toute prise de vue entraîne un déréglement.
Le problème, c'est qu'il ne le sait pas, ou pas assez. Il s'embarrasse d'explications psychologiques, il encombre son film de soulignements des enjeux et des rapports de force, au lieu d'aller à fond dans ce qu'il sait le mieux faire. L'insistance de son personnage principal (l'amoureuse éperdue d'une nonne) devient celle de sa mise en scène. Ca n'empêche pas la farce : l'amoureuse se retrouve crucifiée par les soeurs sans qu'elles se rendent compte de ce qu'elles font. Ce moment de comédie envoie en l'air toutes les pesanteurs du film. Ce n'est pas le seul. De nombreux détails miraculeusement absurdes ponctuent l'ensemble très écrit et très dialogué, tel cette femme complètement plâtrée au premier plan d'une scène où l'amoureuse est attachée à un lit d'hôpital autour des soeurs qu'elle vient de gifler.
Le plus beau tient à la façon qu'a Mungiu d'entrer dans chaque scène avec l'espoir qu'il s'y passe quelque chose, que la situation soit transformée. C'est une façon énergique de faire du cinéma. Pas volontariste. Le premier plan pourrait nous faire craindre un émule de Rosetta comme il en existe 160000 : on suit une femme de dos avancer sur une voie ferrée. Mais Mungiu a sa singularité, et plutôt que d'aligner les faits (action, action, action) il les provoque (réaction). La femme en retrouve une autre, qui la serre dans ses bras et se met à pleurer. Toute prise de vue entraîne un déréglement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire