dimanche 5 octobre 2008

Je suis une légende - I am legend - Francis Lawrence



Il y a des choses passionnantes dans ce film, notamment dans le début (jusqu'à la mort de Samantha, la chienne). Quelque chose de presque solennel dans la façon de filmer la ville, New York, déserte, habitée par un chien, un homme, et quelques créatures tapies dans l'obscurité, attendant la nuit pour sortir. Une sorte d'ôde au soleil, à la matiné
e, à la journée, au rythme imposé par les astres. Les plans sont longs, quasiment statiques, et la première scène est certes une scène classique de poursuite en voiture, mais aussi une scène de rencontre, et d'émerveillement (les daims). La ville est filmée comme Weerasethakul filme la forêt : un lieu magique, aussi spectaculaire qu'intérieur, profondément mystérieux, propre à la perte comme à la connaissance.
J'aime beaucoup le lien entre Will Smith et la chienne. Il y a quelque chose de très beau dans leur façon de se tenir compagnie. Le chien joue très bien (pas autant que Schumann dans Pingpong : c'est un chien américain, donc plus souvent plaintif que comique). J'ai par contre quelques réserves sur Will Smith. Les scènes comiques sont encore trop 'cool', pas assez pathétiques pour vraiment nous fendre le coeur. J'aurais aimé voir Gena Rowlands dans ce rôle. car Will Smith a cet inconvénient de certes se prêter à un minimum de ridicule, mais de toujours garder une certaine classe, qui fige ce ridicule dans un code particulier, au lieu de le faire s'envoler vers l'extravagance et le génie. Will Smith est un acteur conventionnel, il ne déraille jamais - pas assez pour ce film, qui, dans sa première partie, s'affranchit des normes en vigueur, joue sur l'attente, le temps, et la beauté de l'espace.
Et puis, Je suis une légende bascule. Le spectateur retrouve ses repères. Le cameraman est pris d'épilepsie. De petites croix argentées scintillent sur les pare-brises. Des drapeaux américains flottent dans le vent. On reconnaît le charme troupier, militaire, des blockbusters. C'est dommage. Parce que ce que Francis Lawrence commençait à nous dire sur la solitude et la ville devenait de plus en plus passionnant.

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