lundi 6 octobre 2008

Les climats - Iklimler - Nuri Bilge Ceylan



Il y a quelque chose dans ce cinéma. Quelque chose qui dépasse l'entendement. Un couple part en vacances, s'ennuie, décide de se séparer - de toutes petites scènes, de toutes petites larmes, de tout petits éclats - rien d'alarmant. Mais voilà, ce qui compte n'est pas là. Ce qui compte n'est pas non plus l'idée (il n'y a pratiquement pas d'idée dans ce film - c'est un film qui n'a rien à dire). Ce qui compte n'est pas non plus ce qu'on contemple (les plans sont très beaux, mais...). Ce qui compte alors, c'est le temps. Les scènes sont longues - mais jamais molles ni mollissantes. Les visages - les nuages ? - passent, éclatent, changent d'état - de stratus à cumulonimbus, et puis retour à stratus. Ce ne sont pas des personnages. Ce sont des êtres. On regarde (sans s'ennuyer : le film paraît court) des acteurs être. Prendre la lumière, la renvoyer, s'en détourner. Et disparaître aussi. On pense souvent : mais comment font-ils pour rester là ? Tous les êtres du film sont menacés, cernés par la disparition, et ils restent pourtant, ils imprègnent l'image - l'infusent. C'est ce qu'il y a de plus beau dans le film : la sensation que ce cinéma-là capte la fragilité d'une présence - embrasse toutes les humeurs, toutes les circonstances, sans jamais leur donner la moindre importance. On se dit que ces visages pourraient aussi bien se dissoudre. Que ces acteurs pourraient s'effacer dans le champ. Que les paysages suffiraient. Et c'est ça que le film donne à voir : le monde suffit, et, pourtant, il y a des hommes qui y vivent.

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