lundi 6 octobre 2008

Ensemble c'est tout - Claude Berri



La neurasthénie française fait des ravages. Pour l'incarner, rien de tel que les deux plus mauvais acteurs du moment, Audrey Tautou et Guillaume Canet, insupportables, sans générosité, sans lumière, sans rien. Baignez le tout dans un scénario sirupeux à souhait (la vieillesse, l'anorexie, les petits boulots, les talents cach
és, la famille désunie, la famille recomposée). Faîtes réduire. Car il s'agit bien ici de réduction. Nous baignons dans l'infîme. Un courant très en vogue en ce début de siècle, où les choses simples (mais identifiables) sont sensées nous émouvoir, où les brutes ne sont pas ceux qu'on croit, bas les masques, l'heure de vérité, c'est mon choix, vis ma vie, loft story, tout y est. Les aristos et les prolos. les durs au coeur mou et les molles au coeur dur. Tout est conçu pour nous faire hocher la tête de béatitude et d'agrément babillard. De cinéma, il n'en est bien sûr pas question. Neurasthénie oblige. L'infîme, vous dit-on. Ici, on parlera cuisine, vaiselle, lessive. Et c'est déjà pas mal. Ce que ça révèle : un libéralisme de l'intime. L'intime se marchande, se partage. Avec ses buts, ses aspirations, ses craintes. Le succès (un mariage, un enfant, une propriété, arrêter de bégayer, mourir chez soi)... tout se compte. Le jeu des acteurs, le plaisir qu'ils prennent : nul. Le scénario : une accumulation paroxystique de bons sentiments. C'est tellement sec. Tellement cynique.

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