En voyant Trois jours, on a en tête le Bande à part de Godard. Deux garçons, une fille - une ville/une vie à réinventer. L'indétermination des personnages (on ne sait rien d'autre d'eux que leur façon d'apparaître dans des espaces particuliers - l'image est libre de psychologie, de background scénaristique - ce qui se joue sur l'écran, c'est seulement là et maintenant) les constitue en figures graves. Cette gravité est la condition d'un réenchantement. On se demande comment ils tiennent, pourquoi ils ne s'effondrent pas, pourquoi ils ne disparaissent pas. Mais il y a cette dignité exubérante, cette morgue droite et raide, comme des vêtements amidonnés, qui les pousse à aller au bout - de quoi ? d'un désir ? d'une ivresse ? Tout le contraire au fond d'un faux film jeune comme Millenium Mambo, où le climax est atteint quand la petite dévergondée dégueule sur la moquette - Hou Hsiao-Hsien vide des figures déjà vides, Bartas les libère des significations et des regards. Il laisse les fantômes grandir.
Et comme souvent chez le cinéaste, c'est une musique et un immeuble qui donne le monde à voir. L'un des jeunes hommes s'arrête, et observe à travers les fenêtres d'un hôtel de passe deux vieux torse nu, un notable et deux femmes nues, un homme et des pastèques... Une même musique pour toutes ces passions. Là encore, la figure de l'immeuble délimite la vision, mais la précise aussi. L'intimité s'y concentre. On vient du monde, du plein air, du bord de la mer - mais on ne voit vraiment que lorsque la nuit est tombée et qu'une grande façade s'élève devant soi. La musique fait lien entre tous ces fragments. La musique reconstitue l'oeil qui s'était brisé en mille éclats.
Sharunas Bartas termine son film dans les ruines d'un monde ancien. Ses personnages font un feu dans un bunker, des enfants fument et courent dans une cathédrale sans toit, tout le monde marche, se déplace, réinvente une façon d'être là. L'âge du lieu se diffuse, presque gluant, mais la vie persiste, trouve des formes nouvelles dans des architectures anciennes.
Et comme souvent chez le cinéaste, c'est une musique et un immeuble qui donne le monde à voir. L'un des jeunes hommes s'arrête, et observe à travers les fenêtres d'un hôtel de passe deux vieux torse nu, un notable et deux femmes nues, un homme et des pastèques... Une même musique pour toutes ces passions. Là encore, la figure de l'immeuble délimite la vision, mais la précise aussi. L'intimité s'y concentre. On vient du monde, du plein air, du bord de la mer - mais on ne voit vraiment que lorsque la nuit est tombée et qu'une grande façade s'élève devant soi. La musique fait lien entre tous ces fragments. La musique reconstitue l'oeil qui s'était brisé en mille éclats.
Sharunas Bartas termine son film dans les ruines d'un monde ancien. Ses personnages font un feu dans un bunker, des enfants fument et courent dans une cathédrale sans toit, tout le monde marche, se déplace, réinvente une façon d'être là. L'âge du lieu se diffuse, presque gluant, mais la vie persiste, trouve des formes nouvelles dans des architectures anciennes.
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