Ballet urbain. Le long d'un mur massif, avec des habits noirs et des valises, dans la résonance de leur pas, une file d'hommes identiques s'engouffre dans un bâtiment, longée par des voitures identiques laissant entre elles un espace égal. Et puis viennent les autres, ceux qui sont de l'autre côté de la rue, ceux qui traînent, ceux qui vont à contre-sens, ceux qui parlent, ceux dont le pas n'est pas régulier. Sharunas Bartas saisit ce qui circule et ce qui, dans cette circulation, dissone.
Peu avant, à la lisière de la ville, une femme et son enfant marchaient, le long de la rivière encore prise dans la glace, dans la neige, dans le blanc de l'image noir et blanc. D'une vision singulière, on passe au général, au mouvement global des êtres dans un espace qui les porte et les contient. Il y a les foules et il y a les individus : ceux qui s'échappent, ceux qui s'arrêtent, ceux vers qui le regard se porte. Des gueules peut-être, des estropiés, des mendiants, des amuseurs de foules... Mais surtout, un état de présence singulier. Plus qu'une image, bien au-delà du cliché, c'est l'événement de cette présence qui est saisi.
En mémoire, les ordures d'une journée, accumulées en tas, reliques d'une civilisation plus très jeune, faisant la joie d'oiseaux et de glaneurs. Bartas est de leur côté, de ceux qui viennent ici fouiner, dire l'ordure, dire la décrépitude, et lui redonner vie. Il montre une Lituanie vieille, pauvre, religieuse. Son film est comme un témoignage pour les enfants de ce monde assoupi. Un témoignage distant, pas critique, distant, c'est-à-dire étranger, fondamentalement étranger, extraterrestre, sur ce monde où ils sont nés. Où lui aussi est né. Mais il ne s'en souvient plus.
Le film (et la Lituanie - puisque c'est un film-pays) est comme une vieille machine enrouée qui n'a pas joué depuis longtemps, mais peut encore et se réveille en grinçant. Le joueur de cloches monte l'escalier. La foule en bas attend. La rengaine démarre. L'espace s'ouvre. Le lointain vient.
Peu avant, à la lisière de la ville, une femme et son enfant marchaient, le long de la rivière encore prise dans la glace, dans la neige, dans le blanc de l'image noir et blanc. D'une vision singulière, on passe au général, au mouvement global des êtres dans un espace qui les porte et les contient. Il y a les foules et il y a les individus : ceux qui s'échappent, ceux qui s'arrêtent, ceux vers qui le regard se porte. Des gueules peut-être, des estropiés, des mendiants, des amuseurs de foules... Mais surtout, un état de présence singulier. Plus qu'une image, bien au-delà du cliché, c'est l'événement de cette présence qui est saisi.
En mémoire, les ordures d'une journée, accumulées en tas, reliques d'une civilisation plus très jeune, faisant la joie d'oiseaux et de glaneurs. Bartas est de leur côté, de ceux qui viennent ici fouiner, dire l'ordure, dire la décrépitude, et lui redonner vie. Il montre une Lituanie vieille, pauvre, religieuse. Son film est comme un témoignage pour les enfants de ce monde assoupi. Un témoignage distant, pas critique, distant, c'est-à-dire étranger, fondamentalement étranger, extraterrestre, sur ce monde où ils sont nés. Où lui aussi est né. Mais il ne s'en souvient plus.
Le film (et la Lituanie - puisque c'est un film-pays) est comme une vieille machine enrouée qui n'a pas joué depuis longtemps, mais peut encore et se réveille en grinçant. Le joueur de cloches monte l'escalier. La foule en bas attend. La rengaine démarre. L'espace s'ouvre. Le lointain vient.
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