Sharunas Bartas s'affranchit de Paulo Branco, et en même temps se libère du carcan étroit dans lequel il avait enfermé son cinéma (forcément magique, mystique, illuminé), qui commençait à sentir la poussière chic, le vieux meuble qui rentre bien dans la case Arte, qui ne dépareille pas du reste.
Avec Indigène d'Eurasie, il fait un film de gangsters où il se met en scène, presque une série d'autoportraits en homme d'affaires esseulé. La grâce n'est pas donnée d'avance. Elle se construit peu à peu. Elle advient. Ainsi la dernière partie du film est-elle une échappée sentimentale surprenante et très inspirée, qui m'a beaucoup fait penser à Philippe Garrel (et à son Vent de la nuit notamment).
Le film traverse les territoires : l'île d'Yeu, Paris, Vilnius, Moscou. Le découpage haché du début renonce à nous laisser comprendre qui est où. Les téléphones portables brouillent les pistes. Certains contrechamps n'en sont pas. Bartas bat les cartes d'un jeu géopolitique, de migrations où les rêves sont toujours ailleurs.
Mais si le cinéaste s'est libéré du vernis chic de ses paulobrancoteries précédentes, il emprunte d'autres impasses : celle du dialogue de film français qui se croit américain, celle du personnage féminin qui voudrait être une femme fatale de film noir mais qui n'est qu'une démonstration de vulgarité. Des erreurs de débutant, dirait-on. Désempaillé, le cinéma de Sharunas Bartas peine à retrouver totalement une contenance.
Il la retrouve malgré tout, avec l'autre personnage féminin, celui de la pute russe et blonde, dont le destin tragique ressemble à un vieux conte. L'histoire entre Bartas et elle est fulgurante, exaltée - et l'un comme l'autre sont des acteurs qu'on prend plaisir à voir ensemble, parce qu'entre eux passe une électricité particulière. Dommage alors qu'il y ait ces allers-retours permanents sur la femme fatale et le marseillais. Si la hachure semble être la figure de style du film, encore faut-il savoir avec quoi hacher.
Quoiqu'il en soit, il est plutôt enthousiasmant de retrouver Bartas vivant et se réinventant.
Avec Indigène d'Eurasie, il fait un film de gangsters où il se met en scène, presque une série d'autoportraits en homme d'affaires esseulé. La grâce n'est pas donnée d'avance. Elle se construit peu à peu. Elle advient. Ainsi la dernière partie du film est-elle une échappée sentimentale surprenante et très inspirée, qui m'a beaucoup fait penser à Philippe Garrel (et à son Vent de la nuit notamment).
Le film traverse les territoires : l'île d'Yeu, Paris, Vilnius, Moscou. Le découpage haché du début renonce à nous laisser comprendre qui est où. Les téléphones portables brouillent les pistes. Certains contrechamps n'en sont pas. Bartas bat les cartes d'un jeu géopolitique, de migrations où les rêves sont toujours ailleurs.
Mais si le cinéaste s'est libéré du vernis chic de ses paulobrancoteries précédentes, il emprunte d'autres impasses : celle du dialogue de film français qui se croit américain, celle du personnage féminin qui voudrait être une femme fatale de film noir mais qui n'est qu'une démonstration de vulgarité. Des erreurs de débutant, dirait-on. Désempaillé, le cinéma de Sharunas Bartas peine à retrouver totalement une contenance.
Il la retrouve malgré tout, avec l'autre personnage féminin, celui de la pute russe et blonde, dont le destin tragique ressemble à un vieux conte. L'histoire entre Bartas et elle est fulgurante, exaltée - et l'un comme l'autre sont des acteurs qu'on prend plaisir à voir ensemble, parce qu'entre eux passe une électricité particulière. Dommage alors qu'il y ait ces allers-retours permanents sur la femme fatale et le marseillais. Si la hachure semble être la figure de style du film, encore faut-il savoir avec quoi hacher.
Quoiqu'il en soit, il est plutôt enthousiasmant de retrouver Bartas vivant et se réinventant.
2 commentaires:
oui il y a une libération mais es-ce que cela vient vraiment d'un affranchissement de Branco? Je ne sais pas. Par contre ce qui m'intrigue c'est l'omniprésence de Bartas crédité au générique devant et derrière la caméra, au scénario, à la réalisation...sinon j'ai pensé à A bout de souffle, c'etait très claire à plusieurs moments et particulièrement quand la blonde s'en va le matin et qu'elle téléphone, pendant cette scène je pensais qu'elle allait le dénoncer, finalement non et c'est elle qui meure. Mais maintenant avec le recul, c'est une référence moins évidante, je ne sais plus trop si c'est pertinent.
paulo branco c'est une hypothèse. j'ai tendance à penser qu'il 'formate' les cinéastes qu'il produit. hypothèse que j'ai tirée de la lecture du livret donné avec le dvd de dans la chambre de vanda de pedro costa.
pour à bout de souffle, c'est vrai qu'il y a de ça. de pierrot le fou aussi. des amants de la nuit. de badlands. de tous les films qui s'essaient à la romance, en fait.
Enregistrer un commentaire