Il y a dans Mardi, après Noël une attention portée aux détails telle que chaque scène est vivante – c’est-à-dire semble unique, non reproductible, comme un moment attrapé par hasard ou par chance. Cette histoire d'adultère est d'une banalité confondante, et on est pourtant surpris par tout ce qu'il s'y passe. Ca tient à pas grand-chose : un sourire entre deux dialogues, un geste, la façon de passer un cadeau de main en main pour qu'une petite fille ne s'en aperçoive pas, un regard porté sur une montre, l’interférence de quelques réflexions d’enfant dans une conversation d’adultes. De toutes petites choses discrètes, presque futiles, mais qui disent tout de ces corps et de ces êtres, de leur façon de vivre, de ce qui les lie, bien plus que d'inutiles explications scénaristiques. Détails qui rendent chaque scène singulière.
L'humilité de la mise en scène, qui est aussi une mise à distance (on est loin d'une quelconque dramatisation – on est plus dans une forme de suspense conjugal que de drame psychologique), est finalement assez semblable à celle de deux cinéastes que je n'avais jamais pensé rapprocher un jour : Ingmar Bergman et Judd Apatow. Ingmar Bergman pour la cohérence de l’ensemble, pour cette façon d'imposer un point de vue très personnel sur ce qu'il y a de plus classique, et de perpétuellement surprendre ou choquer avec des figures rebattues ; Judd Apatow pour l'humour et la façon de laisser parler ce qui ne peut s'écrire ou se prévoir (on pourrait dire ça de John Cassavetes aussi, d'ailleurs) ; et l’un et l’autre pour le regard porté sur la matière-même du film, autrement dit sur les humains qui le peuplent, afin que ceux-ci construisent le film par ce qu’ils sont, et par le décalage d'avec ce qu'ils jouent.
Certaines scènes éblouissent : la première, par sa douceur radieuse, dix minutes de vie après l’amour ; celle où la femme accompagne sa fille et son mari chez la dentiste qui n'est autre que la maîtresse de celui-ci, d'une tension incroyable ; celle enfin des retrouvailles entre le mari et la maîtresse, où l'on pourrait croire que tout va s'effondrer, mais où les sentiments renaissent. Ce sont souvent de longs plans-séquences, qui ont en eux un rythme d’une liberté inouïe, comme des improvisations musicales.
J'ai, cela dit, une réserve sur le personnage de la femme. Le mari et la maîtresse sont formidables. On ne se doute pas de l’aveu du premier, qu’on imaginerait volontiers lâche (en cela, Radu Muntean tord le cou à la morale adultérine) ; on a peur de la possible aigreur de la seconde lorsque le sort s’acharne contre elle, alors qu’elle rend la moindre scène de dispute lumineuse d’intelligence et de charme. La femme, quant à elle, a une réaction plus convenue lorsque son mari lui annonce qu'il en aime une autre. Elle joue ce que son physique laissait entrevoir, et empêche le film d'être absolument bouleversant. La maîtresse est amoureuse, mais pas vampirique ; le mari est traître, mais pas lâche ; la femme, par contre, est triste donc procédurière.
L'humilité de la mise en scène, qui est aussi une mise à distance (on est loin d'une quelconque dramatisation – on est plus dans une forme de suspense conjugal que de drame psychologique), est finalement assez semblable à celle de deux cinéastes que je n'avais jamais pensé rapprocher un jour : Ingmar Bergman et Judd Apatow. Ingmar Bergman pour la cohérence de l’ensemble, pour cette façon d'imposer un point de vue très personnel sur ce qu'il y a de plus classique, et de perpétuellement surprendre ou choquer avec des figures rebattues ; Judd Apatow pour l'humour et la façon de laisser parler ce qui ne peut s'écrire ou se prévoir (on pourrait dire ça de John Cassavetes aussi, d'ailleurs) ; et l’un et l’autre pour le regard porté sur la matière-même du film, autrement dit sur les humains qui le peuplent, afin que ceux-ci construisent le film par ce qu’ils sont, et par le décalage d'avec ce qu'ils jouent.
Certaines scènes éblouissent : la première, par sa douceur radieuse, dix minutes de vie après l’amour ; celle où la femme accompagne sa fille et son mari chez la dentiste qui n'est autre que la maîtresse de celui-ci, d'une tension incroyable ; celle enfin des retrouvailles entre le mari et la maîtresse, où l'on pourrait croire que tout va s'effondrer, mais où les sentiments renaissent. Ce sont souvent de longs plans-séquences, qui ont en eux un rythme d’une liberté inouïe, comme des improvisations musicales.
J'ai, cela dit, une réserve sur le personnage de la femme. Le mari et la maîtresse sont formidables. On ne se doute pas de l’aveu du premier, qu’on imaginerait volontiers lâche (en cela, Radu Muntean tord le cou à la morale adultérine) ; on a peur de la possible aigreur de la seconde lorsque le sort s’acharne contre elle, alors qu’elle rend la moindre scène de dispute lumineuse d’intelligence et de charme. La femme, quant à elle, a une réaction plus convenue lorsque son mari lui annonce qu'il en aime une autre. Elle joue ce que son physique laissait entrevoir, et empêche le film d'être absolument bouleversant. La maîtresse est amoureuse, mais pas vampirique ; le mari est traître, mais pas lâche ; la femme, par contre, est triste donc procédurière.
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