Les films d'action sont ce qu'Hollywood peut produire
de plus conceptuel, de plus abstrait et de plus lyrique : intrigue minimale,
action sèche, importance accordée à l'espace et à son découpage dramatique, au
corps et à ce qui le meut. Ils ne tiennent qu'au pacte que leur scénario pose
d'emblée avec le spectateur. Aussitôt l'intrigue résolue, le film s'évanouit. Premium Rush ne fait pas exception, bien
qu'une suite ininterrompue de morceaux de musique le noie. Il serait donc préférable
de le regarder sans le son.
On y voit un jeune homme parcourir Manhattan à vélo. Son vélo a pour particularité de ne pas avoir de frein. On lui remet une enveloppe, qu'il doit porter d'un point à l'autre de la ville. Un flic véreux veut la récupérer. S'ensuit une course-poursuite (effrénée, donc) de quatre vingt dix minutes. Et qu'est-ce qu'on voit ? Des cuisses. Des travellings latéraux générés par le mouvement rotatif des cuisses des protagonistes.
Ce qui est très réussi, dans Premium Rush, c'est l'urgence. Elle n'est pas seulement présente dans le défilé flou et lancinant des paysages urbains, ni dans le montage très découpé ; elle est aussi dans le propos implacablement existentiel du film (existentiel au point de devenir camusien), que le personnage principal incarne : un homme sans frein, une existence où il ne peut y avoir d'arrêt, où avancer est une donnée inamovible, et où la chute est annoncée dès le début du film. Comment avancer, quel chemin prendre quand, à un feu rouge, on ne peut pas s'arrêter ? Le héros visualise les possibilités qui s'offrent à lui, et le spectateur jouit de ses chutes et cascades, meurtres et morts potentielles, jusqu'à ce qu'un chemin, clairement, à l'image se dessine, sous la forme d'une bande jaune ou blanche, que le corps du héros aussitôt remplacera, sûr de son bon choix. Ces préméditations sont semblables au pied de l'Indien sur la colline : il a toujours quelques pas d'avance.
Mais plus que le choix raisonnable (celui de la vie sauve), c'est l'émotion qui finira par guider le héros. Or, cette émotion est une émotion politique. Le sort d'un enfant immigré clandestin est en jeu. Le film sort les violons pour que le public s'émeuve d'une injustice. Et le héros se doit, dès lors, d'outrepasser la loi : pour le spectateur, ça tombe sous le sens. Peu à peu, autour de la figure du héros, un collectif s'organise, et la révolution des cyclistes advient. Premium Rush est un appel à l'insurrection contre la corruption et les politiques migratoires.
On y voit un jeune homme parcourir Manhattan à vélo. Son vélo a pour particularité de ne pas avoir de frein. On lui remet une enveloppe, qu'il doit porter d'un point à l'autre de la ville. Un flic véreux veut la récupérer. S'ensuit une course-poursuite (effrénée, donc) de quatre vingt dix minutes. Et qu'est-ce qu'on voit ? Des cuisses. Des travellings latéraux générés par le mouvement rotatif des cuisses des protagonistes.
Ce qui est très réussi, dans Premium Rush, c'est l'urgence. Elle n'est pas seulement présente dans le défilé flou et lancinant des paysages urbains, ni dans le montage très découpé ; elle est aussi dans le propos implacablement existentiel du film (existentiel au point de devenir camusien), que le personnage principal incarne : un homme sans frein, une existence où il ne peut y avoir d'arrêt, où avancer est une donnée inamovible, et où la chute est annoncée dès le début du film. Comment avancer, quel chemin prendre quand, à un feu rouge, on ne peut pas s'arrêter ? Le héros visualise les possibilités qui s'offrent à lui, et le spectateur jouit de ses chutes et cascades, meurtres et morts potentielles, jusqu'à ce qu'un chemin, clairement, à l'image se dessine, sous la forme d'une bande jaune ou blanche, que le corps du héros aussitôt remplacera, sûr de son bon choix. Ces préméditations sont semblables au pied de l'Indien sur la colline : il a toujours quelques pas d'avance.
Mais plus que le choix raisonnable (celui de la vie sauve), c'est l'émotion qui finira par guider le héros. Or, cette émotion est une émotion politique. Le sort d'un enfant immigré clandestin est en jeu. Le film sort les violons pour que le public s'émeuve d'une injustice. Et le héros se doit, dès lors, d'outrepasser la loi : pour le spectateur, ça tombe sous le sens. Peu à peu, autour de la figure du héros, un collectif s'organise, et la révolution des cyclistes advient. Premium Rush est un appel à l'insurrection contre la corruption et les politiques migratoires.
1 commentaire:
C'est juste trop fou, vous avez réussi à me donner envie de le voir..
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