Camille redouble n'est pas une comédie. Si
on le compare au Peggy Sue s'est mariée
de Francis Coppola, le film de Noémie Lvovsky paraît bien terne, peu enclin à
générer des scènes et des situations comiques. L'idée même du voyage dans le
temps est assez peu exploitée plastiquement : Noémie Lvovsky, avec son corps de
quarantenaire, se fond très facilement dans le décor lycéen (qu'elle avait déjà
rendu plus étrange dans La vie ne me fait
pas peur). Le scénario n’assume que rarement les décalages burlesques
attendus. A vrai dire, on finit par y croire : Noémie Lvovsky a l'air d'avoir
seize ans. Mais c'est sans doute que le modèle du film est moins son parent
scénaristique (Peggy Sue s'est mariée,
donc) que François Truffaut.
Il y a, dans Camille redouble, une mélancolie terrible, écrasante, quelque chose qui a à voir avec l'inéluctable, c'est-à-dire avec ce sentiment de ne pas avoir compris pourquoi l'existence est devenue ce qu'elle est, et en même temps la certitude que ça n'aurait pas pu être autrement. Pour ça - pour distiller cette mélancolie, qui finit par être vraiment poignante lorsque la cinéaste traite du couple et de la mort des parents - il fallait esquiver les longues scènes, et laisser le film avancer par touches rapides, souvent trop brèves, à la limite de l'inconsistance, dans la mécanique fatale de sa narration. Et le personnage de Camille, qui est longtemps restée observatrice alcoolisée d'une vie marquée par l'intensité (que cette intensité soit amoureuse ou triste), fait ce voyage dans le temps pour, au final, s'ouvrir comme une lettre à ce présent qu'elle ne comprend pas. C'est moins contre le monde ou contre l'existence que Camille se bat, que contre elle-même et son opacité. La dernière scène, en ce sens, marque un pas décisif. Après le retrait, ou la distance, ou encore cette manière d'être emportée par la vie comme si tout se jouait sans elle, Camille finit par entrer véritablement dans le film, en s'adressant à son mari qui l'a quittée pour une fille plus jeune. Pour une fois, elle ne fuit pas, ne devient pas hystérique, et dit ce qu'elle se doit de dire. D'ailleurs, le monde a déserté : le café où elle a donné rendez-vous à l'homme de sa vie a fermé. Ce n'est plus le décor qui joue, plus le revival 80, plus le walkman ni le t-shirt Ramones, mais le personnage de Camille, prête à devenir actrice, au moins pour elle-même.
Il y a, dans Camille redouble, une mélancolie terrible, écrasante, quelque chose qui a à voir avec l'inéluctable, c'est-à-dire avec ce sentiment de ne pas avoir compris pourquoi l'existence est devenue ce qu'elle est, et en même temps la certitude que ça n'aurait pas pu être autrement. Pour ça - pour distiller cette mélancolie, qui finit par être vraiment poignante lorsque la cinéaste traite du couple et de la mort des parents - il fallait esquiver les longues scènes, et laisser le film avancer par touches rapides, souvent trop brèves, à la limite de l'inconsistance, dans la mécanique fatale de sa narration. Et le personnage de Camille, qui est longtemps restée observatrice alcoolisée d'une vie marquée par l'intensité (que cette intensité soit amoureuse ou triste), fait ce voyage dans le temps pour, au final, s'ouvrir comme une lettre à ce présent qu'elle ne comprend pas. C'est moins contre le monde ou contre l'existence que Camille se bat, que contre elle-même et son opacité. La dernière scène, en ce sens, marque un pas décisif. Après le retrait, ou la distance, ou encore cette manière d'être emportée par la vie comme si tout se jouait sans elle, Camille finit par entrer véritablement dans le film, en s'adressant à son mari qui l'a quittée pour une fille plus jeune. Pour une fois, elle ne fuit pas, ne devient pas hystérique, et dit ce qu'elle se doit de dire. D'ailleurs, le monde a déserté : le café où elle a donné rendez-vous à l'homme de sa vie a fermé. Ce n'est plus le décor qui joue, plus le revival 80, plus le walkman ni le t-shirt Ramones, mais le personnage de Camille, prête à devenir actrice, au moins pour elle-même.
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