Ce film marque les transformations d'une époque : c'est
la fin de l'autostop et le début de la peur entourant les rencontres fortuites.
L'astrologie remplace la libération sexuelle. Les voyages en van ne sont pas
partouzards mais vaguement amicaux (ce genre d'amitiés forcées où l'on laisse
l'handicapé rouler au fond d'un petit ravin par mégarde). Le clan est un
resserrement familial, social et géographique. Le van n'est plus une fusée
lancée vers une planète inconnue, mais une cellule protectrice permettant de
sillonner à l'aveugle des contrées a-priori hostiles.
Après trois quarts d'heure insupportablement calmes (l'irruption de l'auto-stoppeur auto-mutilateur n'agit que comme présage de ce qui doit fatalement arriver, et son irréalité dûe à un jeu outrancier est accrue par le fait qu'il est seul face au groupe ; on le reverra plus tard, accompagné d'acteurs aussi outranciers que lui, face à une seule des personnes du groupe, et c'est cette personne qui deviendra irréelle à sa place, comme si la réalité était le fait du nombre), le film décharge une violence inouïe. Cette violence, plus brutale qu'esthétisante, tient beaucoup au bruit continu de la tronçonneuse qui sature l'espace de la nuit, et les nombreux écrans noirs où les silhouettes en fuite parmi des arbres fantomatiques sont à peine discernables.
Après trois quarts d'heure insupportablement calmes (l'irruption de l'auto-stoppeur auto-mutilateur n'agit que comme présage de ce qui doit fatalement arriver, et son irréalité dûe à un jeu outrancier est accrue par le fait qu'il est seul face au groupe ; on le reverra plus tard, accompagné d'acteurs aussi outranciers que lui, face à une seule des personnes du groupe, et c'est cette personne qui deviendra irréelle à sa place, comme si la réalité était le fait du nombre), le film décharge une violence inouïe. Cette violence, plus brutale qu'esthétisante, tient beaucoup au bruit continu de la tronçonneuse qui sature l'espace de la nuit, et les nombreux écrans noirs où les silhouettes en fuite parmi des arbres fantomatiques sont à peine discernables.
De la tronçonneuse on passe au balai, puis du balai au marteau, objets
représentant un certain archaïsme bien que le premier appartienne au monde
moderne. En vérité, ils représentent l'archaïsme des désirs. A travers eux la
violence circule bien. Cette violence n'a rien de burlesque (pas de
sophistication, même maladive, comme dans Schizophrenia) mais elle n'est pas
dénuée d'humour (un humour animal disons, où la cruauté n'est pas vécue comme
telle). C'est surtout le refoulé d'une nation qui s'exprime ici. On est
près de l'abattoir, que personne ne veut imaginer, mais qui pourtant nourrit
les grandes villes. On est du côté d'une violence pudiquement tenue à l'écart
de ceux pour qui elle est nécessaire (de ceux qui la génèrent). Leatherface et
sa bande, que quelques malheureux rencontrent par hasard, ne sont pas de
simples dégénérés, mais le résultat presque logique d'une société.
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