vendredi 14 septembre 2012

Killer Joe - William Friedkin


Le Texas a bon dos. On projette volontiers sur ce coin des Etats-Unis tout ce que le pays a de dysfonctionnel. Si bien qu'il est devenu, au fil du temps, un réservoir fantasmatique, une bête noire, un lieu pour les contes d'aujourd'hui. Killer Joe est un conte dont les protagonistes sont tous des ogres. Des ogres ou des déchets, ou bien les deux. Friedkin n'y va pas avec le dos de la cuillère. Son film enchaîne les séquences glauques avec un certain art de la gradation, sans être une seconde tenté par le rachat ou l'expiation. Ce qu'il veut montrer, ce à quoi il veut laisser libre cours, c'est au pire. Et le pire advient, de scène en scène, tour à tour grotesque et terrifiant, et parfois les deux en même temps ; le pire est mis en scène avec passion, avec foi. On peut y croire comme lui ou on peut s'en lasser, là n'est pas la question. Ce que Friedkin cherche, de toute façon, c'est la saturation. Et on ne voit que ça : grimaces, sang, sexe, violence. A l’image de la première séquence, parfaite, où Chris, arrivant de nuit dans le mobile-home de son père, est confronté, non au visage de sa belle-mère, mais à sa chatte. Tout le monde a la tête enfoncée dans l’effroi. Cap au pire.

4 commentaires:

dasola a dit…

Bonjour, après "Bug", W. Friedkin ne fait pas dans la dentelle. Personnellement, j'ai vu mais ne reverrai pas et je ne le conseillerai pas aux âmes sensibles. Bonne soirée.

asketoner a dit…

C'est vrai que c'est un film dur. Mais j'aime beaucoup la façon dont Friedkin parvient à imposer l'obscène tout en contournant la censure.

Vincent a dit…

C'est pourtant aussi un beau film. la première scène crée un climat de chaos en une symphonie de lumières et de sons. Il y a des moments très doux entre la frère et la sœur, et même entre Joe et la sœur, doux et étranges. Friedkin a souvent frappé fort ce n'est pas tant une surprise. Je trouve qu'il arrive à poursuivre ses obsessions favorites avec un matériau de base qui, comme vous le, soulignez, à beaucoup servi.

asketoner a dit…

Oui, c'est vrai que cette première scène est assez grandiose. Une vraie entrée en matière qui porte le film en disposant dans le désordre tous les éléments qui seront déployés par la suite. Ce chien qui aboie, cette laisse tendue, cette pluie battante, ce face-à-chatte assez exubérant, la fragilité de la caravane...