lundi 17 septembre 2012

The we and the I - Michel Gondry






Certes, l'idée n'est pas mauvaise, et on voit bien ce qui a pu intéresser le cinéaste là-dedans : filmer un groupe de jeunes dans un bus et leur délitement au fur et à mesure des arrêts ; filmer les clans, les individualités et leur circulation. Le principe est presque renoirien, et encore renoirien hardcore, à la limite du concept kiarostamien.
Mais Michel Gondry n'assume pas la simplicité de son dispositif. La partie qui s'appelle Chaos a tout à voir avec une bouillabaisse informe où les histoires de chacun s'entremêlent de façon continue, sans écho, sans mise en scène, sans fluidité. C'est un bloc d'images hétérogènes que le flot du métrage unifie tant bien que mal, et, au final, égalise, au point qu'il n'y a très vite plus rien de distinct. Le montage extrêmement rythmique ne produit que lenteur et indifférence.
A cela, Gondry ajoute un arbitraire scénaristique épouvantable (une rupture, une mort, des secrets révélés) sensés combler le spectateur en mal de sensations fortes, comme le font les émissions de télé-réalité en organisant des mariages et des disparitions. L'effet de réel s'en trouve clairement amoindri (voire supprimé), sans pour autant que la moindre irréalité ne naisse de ces rebondissements intempestifs. On voit une mécanique qui tourne à vide, quelque part entre l'infime et le grandiloquent, c'est-à-dire nulle part.
La posture du garçon, le casque sur les oreilles, qui a sa grande scène à la fin du film (aveu de la mort d'un proche, refus d'une amitié, affirmation de son individualité distante) est emblématique du regard de Gondry sur le groupe qu'il s'est pourtant échiné à filmer pendant une heure et demie : un vague mépris qui se veut salvateur.

3 commentaires:

Dr Orlof a dit…

Je me sens moins seul :) Très belle analyse.

DnD a dit…

Je ne crois pas que je vous suivrais sur le dernier paragraphe, mais pour le reste assurément.
Passé la "bouillabaisse" à bon compte, la dernière partie me semble juste irrecevable, et notamment pour les autres raisons que vous pointez.
A noter tout de même que pour une fois la bande-annonce est terriblement fidèle au film. Il n'y manque que "l'arbitraire scénaristique", autrement dit rien. Rien qui naisse de/par ce trajet pourtant interminable.
(Et là, je pense tout à coup à Mendoza et à ce qu'on pourrait rêver de le voir faire d'une telle idée : sans doute autre chose qu'une BO compil' branchouille et un clip rutilant de démagogie).
PS : j'en sors, je crois que je suis énervé :-)

asketoner a dit…

Oui, je crois que c'est difficile d'en sortir autrement qu'énervé.