Namir Abdel Messeeh ne s'intéresse pas à ce qu'il peut
filmer. C'est ce qui lui est interdit - ou ce qui lui semble impossible - qui
stimule son désir de cinéma. L'idée de départ est simple : un cinéaste,
interprété par Namir Abdel Messeeh lui-même, part en Egypte pour recueillir des
témoignages à propos d'une récente apparition de la Vierge, apparue également à
sa mère lorsque celle-ci regardait la vidéo floue du miracle sur son écran de
télé. Mais les témoignages sont rares, pas très intéressants, et quand le
tournage arrive à sa fin le cinéaste n'a toujours pas de film. Il décide donc
de transgresser tous les interdits qu'on lui opposait : il prolonge la durée du
tournage malgré les insultes de son producteur, il part dans son village natal
et filme sa famille malgré l'interdiction de sa mère qui a honte de leur
pauvreté, et il demande à une jeune Musulmane de jouer la Vierge apparaissant
aux membres de sa famille malgré la méfiance générale (c'est moins la Vierge
qui les fait douter, que le cinéma comme art réconciliateur et magnificateur).
Tous ces malgré font le film. Certains sont plus intéressants que
d'autres (si la mère est un beau personnage, le producteur peine à dépasser le
statut de caricature). Quoiqu'il en soit, un cinéaste, selon Namir Abdel
Messeeh, est cinéaste malgré tout, et un film est un miracle à partir du moment
où une seule personne y croit.
La Vierge, les Coptes et moi joue ainsi d'une succession d'apparitions. Il y a d'abord celle que la mère voit à la télévision. Puis il y a l'apparition de la mère elle-même, impensable a priori, et vraiment émouvante, dans son village natal au côté de son fils, faisant office de trésorière et d'assistante, de diplomate et de rabat-joie. Enfin, il y a la Vierge musulmane sur les toits du village, et, surtout, la séance de porjection du court-métrage aux villageois réunis. Le miracle tient moins à ce qui est montré qu'au fait de voir. Et le cinéaste s'intéresse d'autant plus aux effets spéciaux (un fond vert lui permet de réunir dans un même paysage deux acteurs ne sachant pas qu'ils jouaient ensemble) qu'il peut montrer à ceux qui en étaient dupes leur fabrication. Aussi les images du court-métrage sont-elles montées en parfaite égalité avec les plans sur les spectateurs, lesquels, ainsi mêlés, semblent s'étonner autant de voir la Vierge voler au-dessus des toits de leur village que du fait que le film existe et qu'ils y aient participé.
La Vierge, les Coptes et moi joue ainsi d'une succession d'apparitions. Il y a d'abord celle que la mère voit à la télévision. Puis il y a l'apparition de la mère elle-même, impensable a priori, et vraiment émouvante, dans son village natal au côté de son fils, faisant office de trésorière et d'assistante, de diplomate et de rabat-joie. Enfin, il y a la Vierge musulmane sur les toits du village, et, surtout, la séance de porjection du court-métrage aux villageois réunis. Le miracle tient moins à ce qui est montré qu'au fait de voir. Et le cinéaste s'intéresse d'autant plus aux effets spéciaux (un fond vert lui permet de réunir dans un même paysage deux acteurs ne sachant pas qu'ils jouaient ensemble) qu'il peut montrer à ceux qui en étaient dupes leur fabrication. Aussi les images du court-métrage sont-elles montées en parfaite égalité avec les plans sur les spectateurs, lesquels, ainsi mêlés, semblent s'étonner autant de voir la Vierge voler au-dessus des toits de leur village que du fait que le film existe et qu'ils y aient participé.
3 commentaires:
Belle analyse de ce faux vrai documentaire où la recherche de témoignages sur l'apparition de la Vierge n'est qu'un prétexte pour brosser le portrait d'un pays natal en général et d'une famille pauvre mais digne en particulier.
Si au début on a du mal à voir où ce voyage nous entraîne, la rencontre avec certains membres de sa famille révèle des pépites d'humanité qui font décoller le projet initial dans des cimes sensibles.
Et puis certains passages sont vraiment drôles : l'interminable messe copte qui dure 4h, la fausse fraternité entre coptes et musulmans, le jeu des acteurs du village qui s'amusent comme des gamins, etc.
La mise en scène étant permanente (notamment du fait de la mise en abîme du film dans le documentaire) je me suis d'ailleurs demandé si le producteur était réel ou un comédien.
Je pense que le producteur est une invention. Je trouve que ça sonne trop faux pour que ce soit autrement. Mais ce film est plein de qualités, oui. J'aimerais bien, cela dit, qu'à l'avenir Namir Abdel Messeeh creuse un peu plus son propre personnage, s'il en vient à rejouer dans l'un de ses films. Car il lui manque quelque chose à mon sens.
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