Je trouve le film vraiment intéressant sur la question du pastiche et sur le rapport qu'il entretient avec la comédie française contemporaine.
Sur le pastiche d'abord, par sa façon de rejouer les figures clefs d'un genre sans les travestir, comme une ligne de conduite qu'il suivrait de façon absurde mais volontaire. De là naît un entêtement. Cette histoire de chanson dévoilant les événements avant qu'ils n'adviennent est une idée plutôt forte. Les comédiens, excepté Manu Payet qui n'articule jamais et semble essayer de toujours jouer autre chose que ce qui est écrit (avec un certain goût pour la figure du mec sympa), s'en donnent à coeur joie dans l'abnégation parodique. Ils ne sont qu'images, réminiscences décadentes, usures hystériques, et ne cherchent jamais à dépasser cet état de fait - tant mieux.
C'est d'ailleurs sur ce même point que Philibert se démarque des comédies françaises (que je connais mal mais quand même un peu) : le refus de toute justification, la gratuité du rire, que tant d'abrutis cyniques voudraient nous faire payer avec des larmes pieuses. La revendication est explicite, dans le texte même du film, lorsque, à la fin, le méchant avoue n'avoir aucune raison d'être méchant, mais l'est coûte que coûte.
Il y a des scènes très drôles : les réunions de collants, les bonnes soeurs trucidées, la torture du puceau, les masques de cuir démissionnaires... tout cela s'affirme nettement, peut-être un peu trop lentement (la galère et la tour, notamment), ou trop mécaniquement (les répétitions et variations autour d'un même procédé, tel celui des accolades de collants, trois fois décliné jusqu'au clin d'oeil malvenu d'un refus d'obtempérer), pour générer le délire qu'on attend d'un pastiche. Philibert est un film un peu trop accroché aux rambardes de sécurité. Il n'ouvre pas sur suffisamment d'anarchie.
Mais le vrai défaut du film tient je crois à autre chose : son rapport à l'image. A la fois trop soignée et trop pauvre, plutôt que de nous renvoyer à un genre passé de mode, elle en appelle un autre : celui du télévisuel chic. Il y a beaucoup de paresse dans ces images, peu d'intuition, et la multiplication des faux raccords, par exemple, me semble facile - on les attend, ils arrangent tout le monde, on aimerait qu'ils soient plus absurdes, moins faussement subtils. De la même façon que les effets ratés (accélération des courses de chevaux, projecteurs qui s'éteignent à chaque bougie qu'on souffle, musique héroïque) se retrouvent coincés entre l'hommage et la dérision, ne choisissant ni l'une ni l'autre piste. Malgré cela, le cinéaste a quand même le culot de la durée et celui de l'écran noir. Il sait installer une scène - mais il sort de chaque scène sans s'être trop mouillé, sans avoir modifié ou bouleversé les règles du jeu que l'histoire impose.
Sur le pastiche d'abord, par sa façon de rejouer les figures clefs d'un genre sans les travestir, comme une ligne de conduite qu'il suivrait de façon absurde mais volontaire. De là naît un entêtement. Cette histoire de chanson dévoilant les événements avant qu'ils n'adviennent est une idée plutôt forte. Les comédiens, excepté Manu Payet qui n'articule jamais et semble essayer de toujours jouer autre chose que ce qui est écrit (avec un certain goût pour la figure du mec sympa), s'en donnent à coeur joie dans l'abnégation parodique. Ils ne sont qu'images, réminiscences décadentes, usures hystériques, et ne cherchent jamais à dépasser cet état de fait - tant mieux.
C'est d'ailleurs sur ce même point que Philibert se démarque des comédies françaises (que je connais mal mais quand même un peu) : le refus de toute justification, la gratuité du rire, que tant d'abrutis cyniques voudraient nous faire payer avec des larmes pieuses. La revendication est explicite, dans le texte même du film, lorsque, à la fin, le méchant avoue n'avoir aucune raison d'être méchant, mais l'est coûte que coûte.
Il y a des scènes très drôles : les réunions de collants, les bonnes soeurs trucidées, la torture du puceau, les masques de cuir démissionnaires... tout cela s'affirme nettement, peut-être un peu trop lentement (la galère et la tour, notamment), ou trop mécaniquement (les répétitions et variations autour d'un même procédé, tel celui des accolades de collants, trois fois décliné jusqu'au clin d'oeil malvenu d'un refus d'obtempérer), pour générer le délire qu'on attend d'un pastiche. Philibert est un film un peu trop accroché aux rambardes de sécurité. Il n'ouvre pas sur suffisamment d'anarchie.
Mais le vrai défaut du film tient je crois à autre chose : son rapport à l'image. A la fois trop soignée et trop pauvre, plutôt que de nous renvoyer à un genre passé de mode, elle en appelle un autre : celui du télévisuel chic. Il y a beaucoup de paresse dans ces images, peu d'intuition, et la multiplication des faux raccords, par exemple, me semble facile - on les attend, ils arrangent tout le monde, on aimerait qu'ils soient plus absurdes, moins faussement subtils. De la même façon que les effets ratés (accélération des courses de chevaux, projecteurs qui s'éteignent à chaque bougie qu'on souffle, musique héroïque) se retrouvent coincés entre l'hommage et la dérision, ne choisissant ni l'une ni l'autre piste. Malgré cela, le cinéaste a quand même le culot de la durée et celui de l'écran noir. Il sait installer une scène - mais il sort de chaque scène sans s'être trop mouillé, sans avoir modifié ou bouleversé les règles du jeu que l'histoire impose.
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