mardi 14 avril 2009

Le genou d'Artémide - Il ginocchio di Artemide - Jean-Marie Straub

On a vu deux films s'assombrir cette année. Il y a eu 24 City de Jia Zhang-Ke, où une jeune femme nous parlait de son désir de revanche sociale tandis qu'on pouvait voir par les fenêtres (et sentir) le soir tomber sur Shengdu. Et il y a depuis mercredi Le genou d'Artémide, où, après la parole, le vent se lève, et un nuage éclipse le soleil dont la lumière inondait la forêt.
Deux façons de faire. Chez Jia, tout se passe en même temps ; chez Straub, les unités dramatiques sont particularisées et séparées. Car il y a quelque chose de platonicien dans ce Genou. Une langue émane d'un corps (comme préexistant à l'être qui le détient), et, plutôt que de s'incarner dans ce corps (au travers d'une gestuelle), se déploie dans l'espace (dans la forêt) - y trouve des répercussions.
La matière que sculpte Straub n'est pas tant celle des parties en présence que celle, plus invisible, qui les lie. C'est ce qu'évoquent les derniers plans du Genou - une propagation, une dispersion, de cette parole dans le monde (et quelques sépultures auxquelles elle s'accroche sans doute - à moins qu'elle ne s'y enfouisse).

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