mardi 11 novembre 2008

El Dorado - Howard Hawks



Hawks résout, une nouvelle fois, toutes les questions que posent son film, non par le scénario (quasiment absent), mais par la mise en scène. El Dorado est plein de divagations, de moments justes mais détonants. Les comédiens sont merveilleusement dirigés (Mitchum, Wayne, Caan - mais aussi les femmes : Charlene Holt et Michelle Carey), et c'est sans doute un cliché de dire ça mais il n'y a rien de plus sexuel qu'un western. L'écran est rempli de désir, un désir travesti en violence, en pudeur, en éclats de rires soudains et pas vraiment opportuns ni explicités.
Hawks ne nous prend pas par la main, il nous fait confiance. Il fait confiance au cinéma. A sa force plus évocatrice que discursive. Il nous entraîne dans une ballade magique, qui scelle l'amitié entre deux cowboys vieillissants, en la mettant à l'épreuve. C'est un peu l'effet : "et voici une nouvelle aventure de..." On a l'impression de connaître ces personnages, de les avoir suivis, toute notre vie, sans pour autant que leur passé soit longuement évoqué (une phrase, une blague, à peine, discrète).
Le personnage de Charlene Holt (Maudie) est en ce sens absolument miraculeux - elle est la seule à oser mettre des mots sur les actions présentes et leurs implications émotionnelles, et elle souffre de ne pouvoir partager ça avec quiconque - tandis que tout le monde est pris dans l'action, elle est forcée de rester un peu à l'écart. Elle apparaît peu, mais à chaque fois pour l'essentiel. Le spectateur sait qu'elle sait qu'ils savent. Et c'est elle, d'ailleurs, qui amène la résolution de l'intrigue : c'est grâce à elle que ces très beaux personnages apprennent à dialoguer. Quel tact, quelle beauté ! El Dorado nous donne ce sentiment-là : de pouvoir un jour évoluer doucement dans le monde, avec les autres, doucement, par amour, par amitié, plein de la force de ces liens.

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