Je savais que je n'allais pas voir un Bresson, mais quand même, la surenchère d'effets filmés au caméscope, parfois ça marche (quand on en voit peu, ou seulement des parties), et parfois ça manque de force (quand le film lorgne malgré lui vers les blockbusters classiques, en rentabilisant ses dollars à coups de plans larges sur la ville (je sais, c'est 4 fois moins cher qu'Astérix, mais demandez à Bresson combien a coûté Le condamné à mort s'est échappé...). Je me serais volontiers passé des plans sur le monstre par exemple. Une jambe, un aileron, un vague mouvement indiscernable dans le lointain m'auraient suffi. Ca surfe sur une tendance gentillette (chacun sa part de spectacle grâce aux technologies modernes - cf le plan sur la pub Nokia quand l'un des personnages ne trouve pas de mots pour consoler son ami), mais c'est sans réelle puissance théorique, sans rigueur. Il y a des idées magnifiques (le film sous le film - qui serait un peu comme la représentation de l'inconscient du film - sorte de paradis originel, gardé en mémoire alors qu'on assiste au bannissement d'Adam et Eve - le choix des lieux n'est d'ailleurs pas anodin : Central Park d'abord, puis Coney Island, un parc d'attraction tellement vieux qu'il semble désaffecté, une plage rongée par les sévices de la civilisation - cf les mots du vieillard dans l'album de Godspeed You Black Emperor, Lift your skinny fists like antennas to heaven : "we used to sleep on the beach" / "they don't sleep anymore on the beach" - mais c'est une mémoire qui, grâce au procédé du film, ne cesse de se réactualiser, sans que ça ait la lourdeur d'un flashback - la mémoire est plus considérée comme espace que comme temps : comme une trouée sur une bande, un oubli, bizarrement - c'est ça, c'est l'oubli qui régénère la mémoire), des idées magnifiques donc, contredites par des idées banales (je n'aime pas du tout la scène du toit et de l'immeuble bancal - ça aurait pu être superbe, au début il y a des codes physiques très stricts pour les acteurs, qui peu à peu s'émoussent).
mardi 11 novembre 2008
Cloverfield - Matt Reeves
Je savais que je n'allais pas voir un Bresson, mais quand même, la surenchère d'effets filmés au caméscope, parfois ça marche (quand on en voit peu, ou seulement des parties), et parfois ça manque de force (quand le film lorgne malgré lui vers les blockbusters classiques, en rentabilisant ses dollars à coups de plans larges sur la ville (je sais, c'est 4 fois moins cher qu'Astérix, mais demandez à Bresson combien a coûté Le condamné à mort s'est échappé...). Je me serais volontiers passé des plans sur le monstre par exemple. Une jambe, un aileron, un vague mouvement indiscernable dans le lointain m'auraient suffi. Ca surfe sur une tendance gentillette (chacun sa part de spectacle grâce aux technologies modernes - cf le plan sur la pub Nokia quand l'un des personnages ne trouve pas de mots pour consoler son ami), mais c'est sans réelle puissance théorique, sans rigueur. Il y a des idées magnifiques (le film sous le film - qui serait un peu comme la représentation de l'inconscient du film - sorte de paradis originel, gardé en mémoire alors qu'on assiste au bannissement d'Adam et Eve - le choix des lieux n'est d'ailleurs pas anodin : Central Park d'abord, puis Coney Island, un parc d'attraction tellement vieux qu'il semble désaffecté, une plage rongée par les sévices de la civilisation - cf les mots du vieillard dans l'album de Godspeed You Black Emperor, Lift your skinny fists like antennas to heaven : "we used to sleep on the beach" / "they don't sleep anymore on the beach" - mais c'est une mémoire qui, grâce au procédé du film, ne cesse de se réactualiser, sans que ça ait la lourdeur d'un flashback - la mémoire est plus considérée comme espace que comme temps : comme une trouée sur une bande, un oubli, bizarrement - c'est ça, c'est l'oubli qui régénère la mémoire), des idées magnifiques donc, contredites par des idées banales (je n'aime pas du tout la scène du toit et de l'immeuble bancal - ça aurait pu être superbe, au début il y a des codes physiques très stricts pour les acteurs, qui peu à peu s'émoussent).
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