mercredi 12 février 2014

Werner Herzog eats his shoes, Les Blank (1980)




Le titre ne ment pas, Werner Herzog mange bel et bien sa chaussure, dans ce documentaire qui n'a pas d'autre prétention que celle de son titre-annonce.
C'est absurde, mais pas seulement. Herzog fait cela parce qu'il l'a promis à un ami, Errol Morris, si celui-ci réalisait son film. Or Errol Morris a réalisé son film. C'est donc un acte d'amitié, un encouragement gaillard et jovial, de la même façon que Herzog avait sauté sur un cactus pendant le tournage de Les Nains aussi ontcommencé petit, pour amuser ses acteurs et les encourager.
Herzog le fait également pour une autre raison, qu'il énonce à la fin du documentaire de Les Blank : les images télévisuelles et publicitaires lui semblent inadéquates ; à l'artiste de créer un langage qui ne signe pas la fin de notre civilisation. Un cinéaste qui mange sa chaussure, après l'avoir cuite, peut donc légitimement apparaître comme une de ces images adéquates renouvelant le langage et réanimant l'humanité déclinante. Ce n'est pas une blague. Herzog est très sérieux - très drôle aussi, mais très sérieux. Son cinéma n'a eu de cesse, depuis 40 ans, d'inventer ces images nouvelles, a priori absurdes (télévisuellement absurdes), que l'humanité comprend pourtant, ou pourrait comprendre, puisqu'elles laissent entrevoir la possibilité d'une autre vie.

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