Ce n'est pas anodin, que Noémie Lvovsky joue dans Les beaux gosses. On sent que Riad Sattouf a vu La vie ne me fait pas peur. Même énergie poisseuse, même façon de s'emparer de l'adolescence pour montrer des corps autres, et interroger le rapport au monde. Le monde comme blessure systématique, et l'être humain comme originellement extraterrestre.
Il y a des moments qui relèvent de l'écriture, d'autres de la chorégraphie. Sattouf injecte dans ses plans des abimes d'indicible, cohabitant avec l'énormité du dire. Tout est étrangeté, tout est représentation et malicieuse facticité de cette représentation. Dans toutes les scènes des Beaux gosses planent des ombres facétieuses. C'est le monde de la caverne. Ce n'est ni le présent, ni le passé - sans date, mais pas privé des éléments de la modernité, Sattouf rejoint le Boulevard de la mort de Tarantino. Il n'évoque pas un temps passé (aucune nostalgie ne traverse l'écran), il ne cherche pas à faire moderne (les éléments restent des éléments, pas des tyrans, juste de quoi jouer) : il convoque, à sa manière, une certaine éternité.
Il y a des moments qui relèvent de l'écriture, d'autres de la chorégraphie. Sattouf injecte dans ses plans des abimes d'indicible, cohabitant avec l'énormité du dire. Tout est étrangeté, tout est représentation et malicieuse facticité de cette représentation. Dans toutes les scènes des Beaux gosses planent des ombres facétieuses. C'est le monde de la caverne. Ce n'est ni le présent, ni le passé - sans date, mais pas privé des éléments de la modernité, Sattouf rejoint le Boulevard de la mort de Tarantino. Il n'évoque pas un temps passé (aucune nostalgie ne traverse l'écran), il ne cherche pas à faire moderne (les éléments restent des éléments, pas des tyrans, juste de quoi jouer) : il convoque, à sa manière, une certaine éternité.
2 commentaires:
j'ai vu le film hier. Je l'ai pas vue, "l'éternité", même sous sa forme spéciale. A moins que ce soit celle que fait prendre les hormones. Posture hormonale ? Auquel cas, oui, il y a quelque chose de permanent. J'ai trouvé qu'il y avait matière pour un court-métrage. La forme longue essouffle le sujet ou plutôt la situation, qui manque d'agencements. Les quelques portraits esquissés, d'enseignants font mouche.
Revoir le film est très rassurant. Je me demandais s'il s'agissait d'un coup : c'est bien plus que ça. On prend conscience des choses très lentes et très discrètes qui animent les plans, comme en sourdine - de l'étendue de la mise en scène de Sattouf.
L'éternité est là, dans cette lenteur souterraine de quelques gestes, dans cet appartement haut-perché qui reçoit de sombres 'messages' du ciel, dans ces colères qui sont à la fois obligatoires et singulières.
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