Ce cher mois d'août, c'est comme un jeu de cartes avec trop de cartes, certaines en double, d'autres manquantes. Ce n'est pas un puzzle (façon Greenaway) où chaque chose a sa place, c'est une série de surabondances et de défaillances, c'est un jeu de cartes pour tricheur débutant. Très bien mélangé, au début on est submergé (et charmé) par tant de cartes lancées sur le tapis, lancées comme s'il ne fallait pas y prêter attention. Et puis peu à peu tout s'ordonne, le film trouve des combinaisons, des suites, des issues - mais le grand mouvement reste celui du hasard. Il n'y a pas de préméditation du désordre pour imposer l'ordre. Le hasard est la seule loi, le film est sous son empire, et les scènes y vivent plutôt bien. Le goût du hasard, ça, c'est quelque chose qui n'est pas du du tout factice (bien que pensé et fabriqué, et apparent comme tel) dans le film de Gomes.
J'aime sa liberté, j'aime son énergie sous-jacente, et j'adore son ambition de saisir une totalité inépuisable et fuyante. Après, il y a quelque chose d'un peu trop superficiel pour vraiment m'emporter (mais A bout de souffle n'était pas un film sur le sens duquel on pouvait méditer des heures). C'est à la fois un film total et un film sur rien, c'est un geste.
En vérité, la nécessité du film semble tenir à ce geste (moqueur plutôt que révolté). Gomes n'a rien à dire, mais il veut le dire autrement. Et quelle fantaisie !
Peut-être le film manque-t-il de choix plus fermes. C'est clairement un numéro de joueur de bonneteau : semer le trouble pour tirer son épingle du jeu.
J'admire le film pour toutes ces raisons, et aussi pour sa façon de donner à voir la province portugaise. Et puis tout cela finit sur un joyeux 'malentendu', à la fois potache et très sérieux.
J'aime sa liberté, j'aime son énergie sous-jacente, et j'adore son ambition de saisir une totalité inépuisable et fuyante. Après, il y a quelque chose d'un peu trop superficiel pour vraiment m'emporter (mais A bout de souffle n'était pas un film sur le sens duquel on pouvait méditer des heures). C'est à la fois un film total et un film sur rien, c'est un geste.
En vérité, la nécessité du film semble tenir à ce geste (moqueur plutôt que révolté). Gomes n'a rien à dire, mais il veut le dire autrement. Et quelle fantaisie !
Peut-être le film manque-t-il de choix plus fermes. C'est clairement un numéro de joueur de bonneteau : semer le trouble pour tirer son épingle du jeu.
J'admire le film pour toutes ces raisons, et aussi pour sa façon de donner à voir la province portugaise. Et puis tout cela finit sur un joyeux 'malentendu', à la fois potache et très sérieux.
2 commentaires:
Assez charmé par la métaphore du jeu de cartes tronqué... J'irais même jusqu'à proposer les homonymes du terme : un film cartographie (dont le scénario serait remplacé par une carte), une exploration de la carte aux trésors, etc... En revanche, numéro de bonneteau, moins sûr. Il est vrai que, dans mon esprit, j'associe plutôt ça aux films sous influence Mamet, parfois intéressants mais dont la seule ambition demeure de berner le spectateur (The following de Christopher Nolan ou les Neuf reines, par exemple). A mon sens, Gomes est tout l'inverse de ça. Il est d'un naturel joueur et facétieux, mais a égalité avec le spectateur. Et sinon, ce film n'est pas son premier non plus. "La gueule que tu mérites" (quel titre!) était sorti, il y a deux ou trois ans en France.
J'en profite, en tous cas, pour saluer la qualité de ce blog, même si j'y suis avare en commentaires. Mais je promets un effort...
Je ne connaissais pas son premier film - mais j'ai très envie de le voir maintenant.
Le problème des Mamet et autres trompe-l'oeil, c'est qu'ils vont vers une résolution. Ce n'est pas le cas du Gomes. Au contraire, le mystère s'épaissit, la magie se double, se triple, et le boniment final entérine une mauvaise foi joueuse et créatrice. Je parlais de bonneteau moins pour des raisons d'illusion que de capacité à produire du désordre (dans le rapport aux cartes plus que dans le rapport aux joueurs).
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