Ou comment la comédie
sentimentale new-yorkaise, le late-coming-of-age,
réinvestit les rapports de classe. Car tout est question de fric et de position
sociale dans Frances Ha. Pas d'amour
sans argent, même chez les intellos. Ou plus précisément : de l'amour oui, mais
pas de sexe. Et l'amour est toujours mal placé - une manière de reformer, entre
amis, l'embryon, une manière de s'attarder un peu mieux dans les limbes.
Le monde dépeint par Baumbach
est cruel, mais le trait n'est pas forcé, au contraire léger, virevoltant,
plaisant. La tristesse du personnage principal est atroce, mais là encore,
Baumbach n'appuie pas, tenant toujours la ligne de la comédie. On pense parfois
à Diamants sur Canapé. Greta Gerwig a
tout d'une nouvelle Audrey Hepburn. Une Audrey Hepburn qui aurait fusionné avec
Gérard Depardieu. L'inventivité de son jeu est impressionnante. Le film a
parfois l'air d'être un documentaire sur elle, tant Baumbach est attentif à
tout ce qui bouge en elle.