Trouble dans le genre.
Mais vécu moins comme traumatisme que comme possible.
Suite à un déménagement, Laure, cm2, se découvre, hors de l'appartement, une autre identité possible : Mikaël. C'est les grandes vacances, elle a les cheveux courts et pas encore de seins, elle devient il, joue avec les autres ils, séduit une elle. Pendant la première heure du film, tout est comme une fable, plein de joie, sans pesanteur : masculin, féminin, ça ne tient à rien, jouer au foot, cracher par terre, se battre. Rien, pas même les attributs du genre, si facilement dissimulables à cet âge. Non, vraiment, rien ne peut arrêter Laure de devenir Mikaël, de s'inventer une nouvelle vie - comme sa mère, enceinte, invente un autre enfant, sans qu'il ne soit jamais dit s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille : si la naissance est quelque chose de magique, l'existence peut l'être aussi. Mais l'école, la rentrée scolaire, pointe le bout de son nez au détour d'une phrase.
Le film aurait pu s'arrêter là. Nous laisser sur cette impression de liberté, sur cette farce non démasquée, ce marivaudage exaltant. Mais Céline Sciamma choisit de conclure par un retour à l'ordre, et ce n'est pas la partie la plus réussie du film. D'abord, parce que ce retour est prévisible, attendu, et met de la gravité où il n'y avait que de la puissance. Ensuite, parce que la cinéaste ne semble pas tout à fait à la hauteur de la cruauté que son histoire génère. Elle se rattrape, in extremis, par un nouveau départ flamboyant et troublant, par un autre possible esquissé sous un arbre. Mais elle est bien meilleure à saisir les jeux, la langueur de l'été, ce qui circule d'indéterminé entre tous ces petits êtres en devenir. La force de son film tient à son héroïne, à sa Katherine Hepburn de 10 ans, qui exhibe sans pudeur tous les possibles de son corps grandissant, et qui joue à la fois la joie d'inspirer du trouble, et le trouble que cette joie suscite en elle. Pas d'atermoiement psychologique, seulement des faits, des rires, quelques vraies scènes - cette famille, ce lieu, ces enfants, tout cela existe.
Mais vécu moins comme traumatisme que comme possible.
Suite à un déménagement, Laure, cm2, se découvre, hors de l'appartement, une autre identité possible : Mikaël. C'est les grandes vacances, elle a les cheveux courts et pas encore de seins, elle devient il, joue avec les autres ils, séduit une elle. Pendant la première heure du film, tout est comme une fable, plein de joie, sans pesanteur : masculin, féminin, ça ne tient à rien, jouer au foot, cracher par terre, se battre. Rien, pas même les attributs du genre, si facilement dissimulables à cet âge. Non, vraiment, rien ne peut arrêter Laure de devenir Mikaël, de s'inventer une nouvelle vie - comme sa mère, enceinte, invente un autre enfant, sans qu'il ne soit jamais dit s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille : si la naissance est quelque chose de magique, l'existence peut l'être aussi. Mais l'école, la rentrée scolaire, pointe le bout de son nez au détour d'une phrase.
Le film aurait pu s'arrêter là. Nous laisser sur cette impression de liberté, sur cette farce non démasquée, ce marivaudage exaltant. Mais Céline Sciamma choisit de conclure par un retour à l'ordre, et ce n'est pas la partie la plus réussie du film. D'abord, parce que ce retour est prévisible, attendu, et met de la gravité où il n'y avait que de la puissance. Ensuite, parce que la cinéaste ne semble pas tout à fait à la hauteur de la cruauté que son histoire génère. Elle se rattrape, in extremis, par un nouveau départ flamboyant et troublant, par un autre possible esquissé sous un arbre. Mais elle est bien meilleure à saisir les jeux, la langueur de l'été, ce qui circule d'indéterminé entre tous ces petits êtres en devenir. La force de son film tient à son héroïne, à sa Katherine Hepburn de 10 ans, qui exhibe sans pudeur tous les possibles de son corps grandissant, et qui joue à la fois la joie d'inspirer du trouble, et le trouble que cette joie suscite en elle. Pas d'atermoiement psychologique, seulement des faits, des rires, quelques vraies scènes - cette famille, ce lieu, ces enfants, tout cela existe.
2 commentaires:
Vu une première fois hier soir et ma première réaction est particulièrement proche de la vôtre. La "fin" du film, à l'exception relative de la toute dernière scène, est comme en trop, presque ailleurs, perd profondément cette jeune fille remarquable. Elle mine presque ce qui a précédé en faisant ressurgir certaines facilités de traitement dans l'écriture (sur les parents, sur d'autres jeunes) qui prennent le pas dans le dernier mouvement.
Tant pis. J'aurais préféré aussi que le film s'arrête avant (à moins de tenir haut la barre, bien sûr). Ce n'est pas grave : on peut dire qu'il s'arrête avant ! Il y a des joies qui ne sont pas si fréquentes. Celles-là, on les garde :-)
Bonsoir, j'ai été agréablement surprise par ce film délicat. La fin m'a plu. Les jeunes interprètes sont remarquables mais les adultes aussi. Bonne soirée.
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