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Mais, peu à peu, dans le montage, se produit cette chose incroyable : une sorte de fête rappelant les scènes d’ivresse au milieu des films de Sharunas Bartas, en plus étrange encore puisque c’est le sommeil ici qui métamorphose les êtres. Contre toute attente, la série crée du désordre, les postures glissent vers de l’irreprésenté. Dans le montage – ou dans l’intensité du plan lui-même – une joie hors-norme s’empare du projet et le ridiculise. Cette joie fait en effet éclater le discours sous-jacent, la métaphysique à peu de frais, l’ennui de la collection – car le film atteint quelque chose qu’il ne prévoyait pas (le film se met dans un état qui n’était pas annoncé ni théoriquement descriptible). Tout se passe comme si, pour Loznitsa, il y avait la prise de vue, et la surprise de voir.
C’est un cinéaste vraiment singulier : ses films sont verrouillés au maximum, et il semblerait que ce verrouillage est la condition (le point de départ nécessaire) d’une œuvre échappant à tout ce qu’elle présuppose. A chaque fois, Loznitsa s’affranchit de lui-même, et le film n’est plus ce qu’il devait être : il mue, sous nos yeux, c’est beau à voir.
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