X-men First Class est un film qui emprunte la notion actuelle de réseau et qui fait de cette notion (de cette tendance du monde) son mouvement, son postulat, son origine, sa fin, sa transcendance et son immanence, sa tête et ses pieds. Tout le réseau résonne. "You're not alone", entendra-t-on. On se rassure comme on peut - la solitude serait mortelle : si je suis le seul à aimer les collants en latex ou le seul à aimer mettre ma tête dans un aquarium, puis-je survivre ? Non, disent les X-men, il faut absolument que tu te constitues un réseau d'amateurs de collants en latex et d'aquariums. Le fétichiste ne peut plus rester seul : il doit faire troupe. C'est seulement ainsi que le plaisir lié à son fétiche prendra toute son ampleur - sinon, seul, il y aura toujours la honte.
Il y a en figure de proue du film un duo assez ambigu formé par Magnéto et Professeur X. La séquence de recrutement des 'mutants' apparaît comme la compilation de quelques 'dates' assez tordues, vaguement érotiques, où les garçons vont toujours par deux dénicher les perles rares et transgenres. Séquence à la suite de laquelle Professeur X dira, ému : "tous ces esprits que j'ai touchés". J'ai regretté que le film ne creuse pas plus cet érotisme latent, préférant s'abandonner à des scènes d'action pas très réussies, brouillonnes, voire laborieuses (le type rouge qui disparaît et réapparaît où il veut rend tous les combats illisibles).
Le problème des films X-men a toujours été le même : le format "film d'action" ne permet de se concentrer que sur deux ou trois personnages, quand c'est bien l'idée de troupe qui est en jeu. On ne fait jamais qu'esquisser des portraits. Les deux heures conventionnelles peinent à proposer mieux. C'est à Jacques Rivette ou à Bela Tarr qu'il faudrait confier la réalisation d'un tel film, en les laissant libre quant à la durée du métrage. Sinon, comparé à Batman, Spiderman, Superman et autres film de super-héros, X-men sera toujours superficiel, toujours incomplet. Mais peut-être est-ce, là encore, le propos secret du film : un sentiment d'incomplétude qui nous pousserait à nous agréger, à réunir tous ces morceaux d'une identité défaillante. L'homme n'existe pas hors-réseau. Le réseau le remplace.
Pour Hanna, de Joe Wright, il y a peu de choses à dire, si ce n'est que l'extrême stylisation de l'image peine à masquer l'indigence de certains moments de mise en scène. Les personnages secondaires paraissent aussi denses que des figurants. N'est pas Tarantino qui veut. Quant aux personnages principaux, si leur violence réjouit par moments, ils finissent par se perdre dans une narration qui n'assume pas sa ligne droite de film de course-poursuite, et qui s'octroie de trop nombreuses vacances et divagations sans fondement.
Sinon, Cate Blanchett et Michael Fassbender sont des acteurs étranges. Un film qui les réunirait ne le serait pas moins.