C'est un film très impressionnant. Tellement théorique qu'il en devient particulièrement jouissif, comme Traqué, auquel il m'a fait penser parfois.
Ce qui me plaît dans ce film, c'est sa façon d'avancer masqué vers l'invraisemblable, en respectant tous les codes mais comme pour insidieusement les parasiter et les mettre à mort. Je pense à cette scène de poursuite, d'abord en voiture, quasiment illisible, croulant sous les virages brusques et les freins en surchauffe, ensuite à pied à travers les villas californiennes, entre un acteur mono-expressif (Keanu Reeves) et un autre masqué en Président. Ils courent, ils enjambent les obstacles, cassent des vitres, font peur aux ménagères, et vont jusqu'à se jeter un chien à la figure. Ce chien est une blague, une manière de ne pas être dupe, bien qu'absolument contraint et dépendant. Comme ces personnages masqués, historiquement identifiables, qui sont le contraire de ce que le cinéma américain a fini par imposer (l'Actor Studio, le gros plan), et au travers desquels se reflète tout le cinéma américain (par contraste).
Ce que j'aime aussi, c'est la façon qu'a Bigelow de porter au cinéma des images nouvelles, des images de son temps : les images sportives de surf, les images de chute libre, moments grisants, extatiques, presque herzogiens.
Ce qui me plaît moins (et c'est aussi présent dans les films de Cameron), c'est la stigmatisation de la connerie, et son omniprésence qui nous est imposée (je pense à ce personnage pas du tout réussi de l'agent du FBI qui accueille Keanu Reeves). Comme Si Bigelow nous traitait de la sorte parce que nous regardons un film hollywoodien. Je ne trouve pas cela très respectueux, ni très malin. Le problème vient je crois du personnage du sergent instructeur de Full Metal Jacket. Tout le monde s'est jeté sur ce personnage en pensant dire quelque chose du monde. En vérité on ne sent là qu'une construction fantasmatique gentiment paranoïaque et complètement neuneu.
Enfin, on peut commencer à comprendre ce qui s'est passé dans le cinéma hollywoodien entre les années 90 et les années 00. Point Break est un film relativement dur, moral, affirmé. Les années 00, c'est l'avènement du compassionnel à échelle planétaire. Au début, c'était un homme, a-priori méchant, dont on devinait les souffrances, mais qu'on condamnait fermement. Maintenant, ce sont des peuples entiers qui disparaissent, des victimes absolues, des représentants d'un ordre éteint. On ne cherche plus à comprendre, on cherche à rassembler, se défaire de l'ambiguïté de ce qu'on voit pour traquer l'ambiguïté de ce qu'on pense.
Ce qui me plaît dans ce film, c'est sa façon d'avancer masqué vers l'invraisemblable, en respectant tous les codes mais comme pour insidieusement les parasiter et les mettre à mort. Je pense à cette scène de poursuite, d'abord en voiture, quasiment illisible, croulant sous les virages brusques et les freins en surchauffe, ensuite à pied à travers les villas californiennes, entre un acteur mono-expressif (Keanu Reeves) et un autre masqué en Président. Ils courent, ils enjambent les obstacles, cassent des vitres, font peur aux ménagères, et vont jusqu'à se jeter un chien à la figure. Ce chien est une blague, une manière de ne pas être dupe, bien qu'absolument contraint et dépendant. Comme ces personnages masqués, historiquement identifiables, qui sont le contraire de ce que le cinéma américain a fini par imposer (l'Actor Studio, le gros plan), et au travers desquels se reflète tout le cinéma américain (par contraste).
Ce que j'aime aussi, c'est la façon qu'a Bigelow de porter au cinéma des images nouvelles, des images de son temps : les images sportives de surf, les images de chute libre, moments grisants, extatiques, presque herzogiens.
Ce qui me plaît moins (et c'est aussi présent dans les films de Cameron), c'est la stigmatisation de la connerie, et son omniprésence qui nous est imposée (je pense à ce personnage pas du tout réussi de l'agent du FBI qui accueille Keanu Reeves). Comme Si Bigelow nous traitait de la sorte parce que nous regardons un film hollywoodien. Je ne trouve pas cela très respectueux, ni très malin. Le problème vient je crois du personnage du sergent instructeur de Full Metal Jacket. Tout le monde s'est jeté sur ce personnage en pensant dire quelque chose du monde. En vérité on ne sent là qu'une construction fantasmatique gentiment paranoïaque et complètement neuneu.
Enfin, on peut commencer à comprendre ce qui s'est passé dans le cinéma hollywoodien entre les années 90 et les années 00. Point Break est un film relativement dur, moral, affirmé. Les années 00, c'est l'avènement du compassionnel à échelle planétaire. Au début, c'était un homme, a-priori méchant, dont on devinait les souffrances, mais qu'on condamnait fermement. Maintenant, ce sont des peuples entiers qui disparaissent, des victimes absolues, des représentants d'un ordre éteint. On ne cherche plus à comprendre, on cherche à rassembler, se défaire de l'ambiguïté de ce qu'on voit pour traquer l'ambiguïté de ce qu'on pense.
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