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Mais Tahrir offre moins de contrepoint que Palazzo delle Aquile. Le cinéaste est seul cette fois, immergé. Son action est moins d'observer et de dramatiser que de participer à l'événement se jouant autour de lui. Et cela est d'autant plus troublant que de cet événement n'émerge finalement aucune figure individuelle : il n'y a que du collectif, qu'un grand ensemble mouvant, et l'individualité ne subsiste que dans l'intimité des nuits sur la place, où on lit un poème, où on parle de ce qui a conduit les uns et les autres jusqu'ici, où on décide soudain de prendre la parole, et où la parole tente l'Histoire. Les hommes essaient d'être des livres, et pas des noms en première page.
Alors, de cette révolution déjà beaucoup filmée, Savona ne tire rien de plus que des images supplémentaires. C'est son talent de cadreur qui séduit, la qualité de son image, et son regard rarement dupe, jamais affecté, et tentant de recueillir avec le plus de précision possible tous les affects que l'événement brasse.
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